Au lendemain de l'indépendance, l'Algérie avait un staff de 144 militaires qui maîtrisaient le pilotage d'avions militaires, de transport et la maintenance. Notre pays avait un équipage spécialisé dans l'aviation militaire mieux entraîné que ceux du Maroc et de la Tunisie. Mais cet acquis n'était pas fortuit, c'était l'œuvre du commandement de l'ALN qui, durant la guerre de Libération, avait une vision futuriste pour assurer l'activité aérienne après l'indépendance. Hier, au forum d'El Moudjahid, un hommage a été rendu au défunt Abderrazak Bouhara, un des 12 étudiants qui avaient bénéficié d'une formation de pilote d'avion de guerre en Syrie, premier pays arabe à accueillir les étudiants algériens. « A l'époque, en 1957, on s'attendait à ce que l'Egypte donne son accord pour former des pilotes algériens, mais c'était la Syrie qui accepta d'accueillir les Algériens », souligne Mohamed Tahar Bouzeghoub, un des premiers pilotes de l'aviation de chasse algérienne. Il faut savoir que lors du Congrès de la Soummam, le commandement de l'ALN avait décidé de former des pilotes d'hélicoptère pour pouvoir alimenter et approvisionner certaines régions inaccessibles dans les maquis. « C'est le colonel Amirouche qui a tracé lui-même une carte sur laquelle étaient marqués les points où les pilotes devaient larguer les armes », relate-t-il. Tahar Bouzeghoub rappelle aussi que c'est sous l'autorité de Krim Belkacem, alors ministre des Forces armées sous le GPRA, que des Algériens ont été formés dans le domaine de l'aviation en Chine, en Egypte, en Syrie, en URSS et en ex-Tchécoslovaquie. L'ancien moudjahid n'a pas omis de citer les pilotes algériens qui ont déserté l'armée françaçise. Selon lui, l'intégration des ces derniers expérimentés comme Abderrahmane Seri, Noureddine Khiar, Saïd Aït Messaoudene, Abdelkader Tahrat et Belkacem Moussouni, était d'un grand apport pour l'aviation algérienne. A l'indépendance, la Chine avait fait don de six Mig 15 considérés à l'époque comme l'un des plus performants avions de chasse. Ce don sera suivi par la réception d'avions de transport militaire de type Antonov fournis par l'Egypte. Le général à la retraite Hocine Benmaâlem, qui était étudiant à l'Ecole de formation des pilotes de Damas, explique que la formation des militaires durant la guerre de Libération était l'une des principales priorités imposées par le haut commandement de la Révolution. « Grâce à ces formations, l'Algérie a pu protégéer son espace aérien durant les premiers mois de l'indépendance », souligne-t-il. Et le 2 novembre 1962, à l'occasion du 8e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération, « un escadron de pilotes algériens a survolé Alger », a rappelé l'ancien colonel Chaïchi Baghdadi.