« Le dernier mot revient aux pédagogues ». C'est ce qu'a déclaré, dernièrement, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, à propos des « correctifs » qu'elle compte opérer dans les méthodes d'enseignement. Mourad Chouguiat, inspecteur et pédagogue, affirme que la priorité doit être donnée à la formation du personnel. Il estime impératif de s'ouvrir sur le monde et de s'imprégner de l'expérience des autres. « On ne peut pas prétendre à un résultat probant si on opère en vase clos, sans se soucier de ce qui se fait de mieux ailleurs », avertit-il. C'est ainsi qu'il suggère, pour ce qui est de la révision du programme et du manuel scolaire, l'élargissement du champ de la concertation aux enseignants chevronnés. Pour lui, le volet relatif au programme ne doit pas être l'apanage d'une seule commission pédagogique. « Il faut ouvrir les perspectives aux enseignants qui ont de l'expérience dans le domaine. Leurs avis seront d'une grande utilité », observe-t-il, non sans insister que cette manière d'opérer ne sera que bénéfique pour le secteur. « Avec cette manière de procéder, les choses changeront rapidement », affirme-t-il Même si le pédagogue tend à éloigner la thèse d'une révision de fond en comble du programme scolaire, il n'en demeure pas moins qu'il propose d'établir certains aménagements pour le rendre plus souple et, pourquoi pas, prendre en compte l'interdisciplinarité dans l'établissement du programme scolaire. Pour lui, l'évaluation de la réforme éducative doit être « permanente ». Il a reconnu que celle-ci n'a pas atteint les résultats escomptés, depuis sa mise en œuvre en 2002. Mais à ses yeux, il ne faut pas tout remettre en cause en s'aventurant vers une réforme radicale. « Il faut aller vers une réforme partielle qui touchera le contenu du livre scolaire, l'utilisation du temps et les conditions de travail », précise-t-il. Un autre volet à prendre en charge : les rythmes scolaires. Mourad Chouguiat souligne que cet aspect mérite une attention particulière. Il trouve le fait d'appendre 7 heures par jour engendre une grosse fatigue chez les élèves qui trouvent toutes les peines du monde à suivre les cours. « Des assouplissements sont nécessaires », préconise-t-il. Sur l'option de l'approche dite par compétence, le pédagogue rappelle que la méthodologie a été appliquée sans formation initiale des enseignants et des inspecteurs. Résultats : la majorité des professeurs n'est pas arrivée à l'assimiler, notamment durant les premières années de son application. Il note aussi que le manuel scolaire n'est pas en adéquation avec cette méthodologie, notamment dans le cycle secondaire. Concernant la révision l'examen du baccalauréat, Chouguiat dit sa préférence pour un retour au rachat pour les élèves ayant obtenu une note de 9/20 et l'établissement de la fiche de synthèse. Celle-ci est, à ses dires, une option intéressante, puisqu'elle peut « lutter efficacement » contre l'absentéisme des élèves constaté au troisième trimestre de l'année scolaire.