Lauteur de « Taleb Abderrahmane, guillotiné le 24 avril 1958 » est Mohamed Rebah, économiste de formation et chercheur en histoire. Il était surtout l'ami de ce jeune chahid guillotiné le 24 avril 1958 à l'âge de 28 ans. Présenté mardi dernier au centre des activités culturelles Agha de l'établissement Arts et Culture, devant un public composé d'anciens compagnons de lutte de Taleb et d'anciens condamnés à mort, cet ouvrage a été publié aux éditions Apic dans le cadre du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie et de la commémoration de la journée nationale de l'étudiant. Ce livre, de 103 pages, préfacé par Mohamed Bouhamidi, professeur de philosophie et journaliste, s'appuie sur des « témoignages directs et parfois inédits ». Pour Rebah « il vient combler un vide, en faisant connaître, notamment aux nouvelles générations, le chemin parcouru par ce jeune patriote, dont l'engagement pour l'indépendance de son pays a été sans limite ». « Une ville du sud du pays a baptisé une maison de la culture au nom de Taleb alors qu'à Alger l'unique endroit qui portait son nom, en l'occurrence le Cercle des étudiants, n'existe plus » a-t-il déploré. Mohamed Rebah a rappelé que Taleb, « ce fils du peuple, né le 5 mars 1930 à la Casbah, rue des Zouagui, grandit au quartier de Sidi Ramdane ». Il évoquera ensuite l'opiniâtreté de son père, un boulanger devenu pâtissier pour donner à ses enfants une vie décente. Les sacrifices du père ont permis à Abderrahmane de poursuivre ses études primaires et secondaires et persévérer en dépit de son physique, frêle, et son exéma, pour accéder à l'université. Celui qui deviendra le formateur des artificiers, puis le fabriquant des bombes réservées aux réseaux ALN-FLN, s'est abreuvé précocement de la politique. Il a intégré les rangs des scouts de la rue Bencheneb, grandit dans un milieu patriotique et Laghouati joua un rôle prépondérant dans la canalisation de Taleb. L'attentat monstrueux de « la main rouge » à la rue de Thèbes (Casbah) et la riposte du FLN a fait sortir de l'ombre le chimiste. D'après l'auteur, « Taleb Abderrahmane devenait ainsi un militant à part entière, un excellent chimiste, contribuant à rendre plus forts les rangs de la résistance algérienne et en formant des fabriquants de bombes comme Debbih Cherif et d'autres. En avril 1957, Taleb Abderrahmane estLcapturé par les parachutistes à Blida. Il subit d'atroces tortures, avant d'être transféré à Alger et incarcéré à la prison de Serkadji. Le 24 avril 1958, il sera décapité, à l'âge de 28 ans. Taleb est le 131e chahid exécuté, dont 43 par balles, à travers tout le pays.