« Pour ma patrie, pour mon idéal et pour mon peuple, périr n'est qu'un sublime sacrifice. Je saurai mourir. L'Algérie sera libre envers et contre tout », avait lancé le jeune héros à l'issue de son ultime verdict. Une émission « Spécial Taleb Abderrahmane » a été diffusée dans l'après-midi de jeudi dernier par la Radio nationale en hommage à ce martyr de la Révolution algérienne et l'un des symboles de la « Bataille d'Alger », guillotiné le 24 avril 1958 à la prison de Serkadji pour en avoir été le « chimiste ». Enregistrée depuis le cimetière d'El-Alia (Carré n°22) par la chaîne III de la Radio nationale, l'émission a reçu l'écrivain et chercheur en histoire Mohamed Rebah qui a mis en évidence le rôle « central » joué par le jeune martyr lors de la célèbre « Bataille d'Alger » en 1957, tout en citant à l'occasion d'autres figures historiques non moins renommées de cette glorieuse épopée. Pour avoir été le seul chimiste algérien enrôlé dans les rangs de l'Armée de libération nationale, Taleb Abderrahmane avait été proposé par Ahmed Bouzrina et Ahmed Laghouati (de son vrai nom Benamer), et ce, à la demande du chef de la Zone autonome d'Alger, Yacef Saâdi, informe l'écrivain, auteur de l'ouvrage « Des chemins et des hommes ». Ce dernier revient sur les faits historiques ayant conduit à l'implication du jeune chahid, à savoir la riposte du Front de libération nationale à la répression féroce engagée par le gouverneur général de l'Algérie, Robert Lacoste, en 1956, avant que ne survienne la « Bataille d'Alger », un an plus tard. En dépit de son jeune âge, relève Rebah, Taleb Abderrahmane n'a pas eu l'ombre d'une hésitation pour répondre à l'appel du devoir, et c'est avec le même courage qu'il entreprit de fabriquer et de régler les bombes utilisées par les dirigeants de la ZAA. L'un de ces engins explosifs fut transporté et déposé par Fernand Iveton en octobre 1956 à l'usine de gaz du Hamma, qui fut le seul Européen guillotiné de la guerre d'Algérie. Taleb Abderrahmane, qui avait consenti des efforts considérables pour étudier, symbolise la jeunesse « studieuse et travailleuse », souligne l'hôte de la radio qui ajoute que le chimiste n'a jamais été « intimidé » par ceux qui l'ont arrêté en juin 1957, ni lors des trois condamnations à mort prononcées à son encontre à trois reprises. « Pour ma patrie, pour mon idéal et pour mon peuple, périr n'est qu'un sublime sacrifice. Je saurai mourir. L'Algérie sera libre envers et contre tout », avait lancé le jeune héros à l'issue de son ultime verdict, rappelle l'auteur sur les ondes de la radio, une citation contenue, par ailleurs, dans son ouvrage. « La Bataille d'Alger, c'est également la torture psychologique et physique pratiquée par les colons français », relève, par ailleurs, le chercheur en histoire, citant des lieux sinistrement notoires pour avoir abrité ces atrocités, comme les villas Suzini et Mahiedine, la ferme Ameziane et l'école Ourida Medad. Il a renvoyé les auditeurs de l'émission à l'écrivain français Jean-Luc Eindaudi, pionnier de la mémoire de la guerre d'indépendance, décédé le 22 mars 2014, qui a mis en exergue, dans « La Bataille de Paris », l'ampleur de la torture érigée en « crimes d'Etat » par le colonisateur. Né le 5 mars 1930 à La Casbah d'une famille originaire d'Azzefoun, en Grande-Kabylie, Taleb Abderrahmane était étudiant en chimie à la Faculté d'Alger lorsqu'il décida de rejoindre le maquis en 1956. Il avait 28 ans lorsqu'il eût la tête coupée à l'aube du 24 avril 1958.