Excellences, Mesdames et Messieurs, Il m'est particulièrement agréable, au nom du président de la République, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, de vous souhaiter une chaleureuse bienvenue à Alger, à l'occasion de la tenue de cette session ministérielle du Mouvement des pays non alignés. C'est avec émotion que je voudrais évoquer le souvenir du IVe sommet de notre Mouvement qui s'est déroulé en septembre 1973, en ces mêmes lieux, présidé par le défunt président Houari Boumediene après une conférence ministérielle elle-même dirigée par M. Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des Affaires étrangères. Je saisis cette heureuse opportunité pour exprimer ma gratitude à toutes les délégations présentes aujourd'hui avec nous pour perpétuer le message toujours pertinent du non-alignement et porter, toujours haut, ses valeurs et principes. Je voudrais, également, rendre hommage à la présidence iranienne pour son engagement et son action en faveur de notre Mouvement. Excellences, Mesdames et Messieurs, Un regard rétrospectif sur le chemin parcouru depuis cette époque permet de mesurer les immenses transformations qui ont marqué les relations internationales suite à la disparition de l'antagonisme Est-Ouest et la fin de la guerre froide. Le processus de démocratisation et d'ouverture des systèmes politiques ainsi que la généralisation de l'économie de marché se sont imposés en tant que normes dans les relations internationales d'aujourd'hui. La démocratie et les droits de l'Homme ont enregistré des avancées substantielles partout dans le monde et dans nos pays en particulier. Nous nous félicitons de ces avancées qui confortent les idéaux de liberté, de progrès et d'émancipation inscrits dans notre combat solidaire. L'économie mondiale a, pour sa part, enregistré des transformations profondes au cours de cette période. Le phénomène de mondialisation et la révolution numérique ont permis de libérer des énergies considérables, bouleversé nos certitudes et nos schémas de pensée et opéré des reclassements importants au cours des dernières décennies permettant l'émergence de nouveaux acteurs dont le poids et l'influence sont, aujourd'hui, mondialement reconnus. De la même manière, le monde arabe n'est pas resté en marge de cette dynamique de changement. L'Algérie, qui suit avec une extrême attention ces évolutions, voudrait, à cette occasion, marquer de nouveau sa solidarité avec les peuples arabes et formuler le vœu que des solutions pacifiques et consensuelles puissent prévaloir dans les transitions en cours. Excellences, Mesdames et Messieurs, L'Algérie a, durant toutes ces années, connu elle aussi des transformations significatives et franchi des étapes cruciales dans son développement politique et économique. Elle s'est résolument lancée, dès 1988, dans une entreprise de réforme profonde de son système de gouvernance par l'introduction du pluralisme politique et de l'économie de marché. Bien que contrarié, au cours de la décennie 90, par l'irruption d'un terrorisme aux effets aussi dévastateurs que barbares, le processus de réformes structurelles a pu se poursuivre et s'approfondir, depuis 1999, grâce à la politique de concorde et de réconciliation nationale, de réhabilitation du rôle de l'Etat et de modernisation de l'économie. Mon pays a organisé des élections présidentielles qui se sont tenues le 17 avril dernier en présence d'observateurs étrangers représentant plusieurs organisations internationales. Ces élections ont représenté une étape qualitative nouvelle dans l'approfondissement de la pratique démocratique et la consolidation de l'Etat de droit. Le Gouvernement, qui a été nommé au début de ce mois dans le prolongement de cette échéance électorale, vient de se voir assigner par le président de la République une feuille de route qui a posé les jalons d'un plan d'action à double dimension politique et socioéconomique. Cette feuille de route met en valeur de manière prioritaire la réforme de la Constitution à laquelle seront associés, dans un esprit consensuel, l'ensemble des partis politiques, des personnalités nationales et des acteurs de la société civile. Cette entreprise est destinée à promouvoir la démocratie participative, renforcer les droits et libertés individuelles et collectives, approfondir la séparation des pouvoirs, conforter l'indépendance de la justice, renforcer les prérogatives et le rôle du Parlement, et affirmer la place et les droits de l'opposition. Elle met également à la charge des pouvoirs publics la mise en œuvre de mesures d'amélioration significative des pratiques de bonne gouvernance, en particulier la lutte contre la corruption, la préservation des deniers publics, la rationalisation des dépenses publiques et l'amélioration du service publics. Elle prévoit, par ailleurs, un dispositif de relance économique destiné à terme à diversifier l'économie nationale, la rendre plus productive et plus compétitive et lui fixer des objectifs de croissance de l'ordre de 7% par an, un taux comparable à la moyenne des Etats émergents. Ce plan ambitieux s'il en est, viendra consolider les réalisations majeures accomplies au cours des quinze dernières années en matière de développement économique et social, de construction d'infrastructures de base, de mise à niveau et de relance de l'appareil productif, le tout orienté vers la satisfaction des besoins sociaux de la population et l'amélioration du niveau de vie des citoyens. Excellences, Mesdames et Messieurs, Ce sont là, brièvement exposés, les principaux axes des réformes menées par l'Algérie au cours de la dernière décennie et leur évocation ici témoigne de l'envergure et de l'ampleur des politiques de rénovation et d'adaptation dans lesquelles nos pays sont pleinement engagés. Ces réformes ne pourront toutefois être menées à leur terme et produire les effets positifs qui en sont attendus que si les conditions d'une stabilité et d'une sécurité pérennes sont réunies pour assurer le développement et relever les défis et menaces qui continuent d'assombrir l'horizon des relations internationales. A ce titre, le terrorisme, associé à la criminalité transnationale et au trafic de stupéfiants, est devenu un fléau d'une extrême gravité pour la communauté internationale s'attaquant au tissu politique, économique et social de nos Etats et tendant, progressivement, à étendre les zones d'insécurité et d'instabilité comme dans la région du Sahel. Il est heureux que la communauté internationale ait pris la mesure de cette grave menace et qu'elle ait décidé de lui opposer une riposte coordonnée et consensuelle tant au niveau des Nations unies que sur le plan régional. Il est dès lors de la plus haute importance que notre Mouvement poursuive son engagement collectif et solidaire et que ses Etats membres unissent leurs efforts en vue d'éradiquer ce fléau transnational. Excellences, Mesdames et Messieurs, La mondialisation a certes conduit à une formidable explosion des forces de production, mais elle a également ouvert la voie à la spéculation et à l'économie virtuelle. Elle a, grâce au commerce et aux technologies de l'information et de la communication, rapproché des pays et des hommes qui, hier, s'ignoraient. Mais elle a également rejeté dans la marge les plus faibles et les plus démunis d'entre nous, accentuant leur désarroi. Il ne fait aucun doute que l'avènement d'une gouvernance mondiale que nos pays revendiquent depuis si longtemps est de nature à conforter et à soutenir les efforts de nombreux pays en développement afin de leur permettre de prendre part au processus de prise de décision. Aussi, la réforme du système multilatéral commande-t-elle d'imprimer davantage de cohérence politique et de convergence macroéconomique afin de l'adapter aux réalités nouvelles d'aujourd'hui. Dans ce cadre, le renforcement du rôle de l'Assemblée générale et une réforme du Conseil de sécurité orientée vers son élargissement, devant aller de pair avec une refonte des institutions économiques et financières internationales, devraient continuer à mobiliser toutes nos énergies. Il est donc essentiel que soient poursuivis les efforts déployés par notre Mouvement pour une mondialisation plus humaine, plus équilibrée et plus solidaire en vue d'une répartition des fruits du progrès universel en faveur de l'humanité tout entière. Ce sont-là, Excellences, Mesdames et Messieurs, quelques défis et menaces qui nous interpellent tous et qui requièrent de notre part un engagement résolu pour raffermir notre solidarité collective et notre capacité à projeter le Mouvement des non-alignés en tant que force d'action et de proposition susceptible de contribuer à l'enrichissement du débat international et aux processus de décision au niveau mondial. Je voudrais me faire l'interprète de vous tous pour traduire l'ambition de notre Mouvement de s'impliquer de manière déterminée dans la concrétisation de ces objectifs. Cela est conforme aux valeurs d'entraide et de solidarité qui font sa force, qui ont forgé son histoire et façonné son identité. Je vous remercie.