Ebranlées par l'offensive armée menée par les troupes de l'ancien général dissident Khalifa Haftar, les autorités de Tripoli peinent à se mettre d'accord sur le gouvernement qui prendra les rênes du pays jusqu'au 25 juin prochain, date des législatives. Dans une nouvelle illustration des crises répétitives qui minent la transition, le pays se retrouve, sur fond de lutte d'influence que se livrent sans merci libéraux et islamistes, avec deux gouvernements. Dans sa première démonstration de force, le nouveau Premier ministre libyen contesté, Ahmed Miitig, a réuni, jeudi dernier, son premier Conseil des ministres, faisant fi du refus du gouvernement sortant d'Abdallah al-Theni de lui remettre le pouvoir. Comble de l'ironie, le nouveau cabinet s'est réuni dans un hôtel luxueux de la capitale, le siège de la primature étant toujours occupé par le cabinet d'Abdallah al-Theni qui a tenu le même jour une réunion, selon le site internet du gouvernement. Réunion au terme de laquelle, al-Theni a déclaré qu'il s'en remettait à la justice pour déterminer s'il devait céder le pouvoir au nouveau cabinet d'Ahmed Miitig, invitant le Congrès à « se réunir pour trouver une sortie à la crise ». « Partant de sa responsabilité historique, le gouvernement par intérim s'engage au respect total de toutes les décisions de la justice », précise le communiqué, évoquant les recours déposés par des députés contre l'élection de Miitig au Parlement. « Il ne s'agit pas d'un différend entre les deux gouvernements, mais d'un imbroglio au sein du Congrès général », a insisté al-Theni. La controverse remonte à début mai lorsque ce dernier a été élu lors d'un vote chaotique au Parlement. Plusieurs députés libéraux ont accusé les blocs islamistes d'avoir laissé le vote ouvert pour des retardataires après l'annonce du résultat, et ce, afin d'avoir les 121 voix requises, alors que Miitig n'avait recueilli initialement que 113 votes. Plusieurs politiciens et groupes armés avaient déjà prévenu qu'ils ne cautionneraient pas un gouvernement formé par Miitig. Néanmoins, malgré la crise, la Haute-Commission électorale a indiqué, jeudi dernier, par la voix de son président, Imad al-Sayeh, que la date des élections législatives est maintenue pour le 25 juin. Les Libyens vivant à l'étranger voteront, quant à eux, les 21 et 22 juin. Sur le terrain, les forces du général de Khalifa Haftar ont mené mercredi dernier un raid aérien sur sur un camp d'un groupe islamiste armé à l'entrée ouest de la ville de Benghazi. Il s'agit de la puissante brigade du 17 Février, formée par des ex-rebelles islamistes. Elle est soupçonnée d'avoir des liens étroits avec le groupe djihadiste d'Ansar Asharia, classé organisation terroriste par les Etats-Unis.