Enlisement ■ La crise s'est accentuée, hier, en Libye, qui se retrouve avec deux gouvernements au milieu d'un imbroglio politico-judiciaire et des violences dans l'est du pays. La confusion s'accroît en Libye. A Benghazi (est), les forces du général dissident Khalifa Haftar, qui dit combattre le «terrorisme» en Libye et a reçu l'appui d'unités de l'armée, ont lancé des raids aériens contre une brigade islamiste. Un avion militaire a mené des raids contre un camp de la Brigade des martyrs du «17 février» dans l'ouest de Benghazi, touché par deux missiles, a annoncé cette brigade sans faire état de victime. La puissante brigade du «17 février», formée par des ex-rebelles islamistes, est soupçonnée d'entretenir des liens étroits avec le groupe jihadiste d'Ansar Asharia, classé organisation «terroriste» par les Etats-Unis. Le groupe Ansar Asharia, basé à Benghazi, avait menacé avant-hier le général Haftar du même sort que le leader déchu Mouammar Kadhafi, mort en octobre 2011 peu après sa capture par les rebelles, et a mis en garde les Etats-Unis contre toute intervention en Libye. Dans une nouvelle illustration des crises répétitives qui minent la transition depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, il y a trois ans, la Libye se retrouve avec deux gouvernements sur fond de lutte d'influence entre libéraux et islamistes. Le cabinet libéral sortant d'Abdallah al-Theni a affirmé, hier soir, dans un communiqué qu'il s'en remettait à la justice pour déterminer s'il devait céder le pouvoir au nouveau gouvernement d'Ahmed Miitig, appuyé par les islamistes et dont l'élection est contestée. «Partant de sa responsabilité historique, le gouvernement par intérim s'engage au respect total de toutes les décisions de la justice», selon le communiqué, évoquant les recours déposés par des députés contre l'élection de M. Miitig au Parlement. La controverse remonte à début mai lorsque M. Miitig a été élu lors d'un vote chaotique au Congrès Général national (CGN-Parlement). Plusieurs députés libéraux ont en effet accusé les blocs islamistes d'avoir laissé le vote ouvert pour des retardataires après l'annonce du résultat, afin d'atteindre les 121 voix requises, alors que M. Miitig n'avait recueilli initialement que 113 votes. Plusieurs politiciens et groupes armés avaient déjà prévenu qu'ils ne cautionneraient pas un gouvernement formé par M. Miitig, qui a reçu malgré tout, dimanche dernier, l'investiture du Parlement. «Il ne s'agit pas d'un différend entre les deux gouvernements, mais d'un imbroglio au sein du CGN», a assuré M. al-Theni, après la lecture du communiqué, invitant le Congrès «à faire prévaloir la raison» et à «se réunir pour trouver une sortie» à la crise. A peine installé, Ahmed Miitig, avait été visé par une attaque, avant-hier. L'absence d'autorité incontestée dans ce pays où les milices rivales et dominées par les islamistes font la loi depuis la chute de Kadhafi fait désormais redouter une plongée dans la guerre civile.