Des milliers de Libyens ont manifesté, vendredi dernier, à Tripoli et à Benghazi, en soutien au général dissident, Khalifa Haftar, et contre le gouvernement pro-islamiste d'Ahmed Miitig. Les manifestants ont scandé des slogans appuyant l'opération baptisée « Dignité » et dénonçant le terrorisme et les groupes armés. D'autres rassemblements ont eu lieu à Al Marj, Al Baïda et à Tobrouk, plus à l'est. A Tripoli, sur fond de mesures de sécurité strictes, des milliers de contestataires se sont également pris au Congrès général national (CGN, Parlement). « Miitig dehors ! », scandaient-ils, en portant des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « Peuple et armée, nous combattons le terrorisme », « Oui pour un Etat civil ». D'autres protestataires portaient un cercueil symbolique sur lequel était inscrit : « Le gouvernement de Miitig », « Le CGN » et « Ansar Asharia », un groupe djihadiste implanté notamment dans l'est du pays, classé parmi les organisations terroristes par Washington. Dans l'autre camp, à quelques centaines de mètres, des militants pro-islamistes ont dénoncé le « coup d'Etat de Haftar », soulignant leur « attachement à la légitimité » du CGN et leur « soutien au processus démocratique ». Khalifa Haftar, un général à la retraite, qui se présente comme le chef de l'« armée nationale » et bénéficie pour son opération de la défection d'officiers et d'unités de l'armée, affirme vouloir débarrasser le pays des « terroristes ». Son opération, lancée le 16 mai dernier, à Benghazi, bastion de la révolution de 2011 et fief des groupes islamistes radicaux, a été qualifiée de « tentative de coup d'Etat » par les autorités. La Libye fait face à une crise politique profonde, se retrouvant avec deux gouvernements. D'un côté, le cabinet de Miitig, élu lors d'un vote controversé au CGN, de l'autre, le cabinet libéral sortant d'Abdallah Al Theni, qui a soutenu, mercredi dernier, qu'il s'en remettait à la justice pour déterminer s'il devait céder le pouvoir à Miitig.