Sorti du néant, le général à la retraite, Khalifa Haftar sème la terreur dans le pays depuis vendredi Face à la situation chaotique où les autorités n'ont pas réussi à rétablir l'ordre trois ans après la chute du régime de Maâmar El Gueddafi, la présidence du CGN (Parlement), a convoqué une réunion hier. Un général dissident libyen a rallié de nouveaux soutiens à son offensive contre les milices islamistes qui ont promis d'y faire face, faisant craindre une guerre ouverte dans le pays en proie à l'anarchie. Face à la situation chaotique en Libye où les autorités n'ont pas réussi à rétablir l'ordre trois ans après la chute du régime de Maâmar El Gueddafi, la présidence du Congrès général national (CGN), la plus haute instance politique, a convoqué une réunion hier après-midi. Le CGN, contesté pour avoir décidé de prolonger jusqu'en décembre 2014 son mandat arrivé à expiration en février, n'a pas réagi à une initiative du gouvernement qui, pour sortir de la crise, a proposé lundi soir une «mise en congé du Congrès». Mais cette proposition a été rejetée par avance par le Parti pour la justice et la construction (PJC), issu des Frères musulmans, dont l'influence est de plus en plus grandissante au Congrès aux côtés de son allié, le bloc Wafa, plus radical. Accusé par les autorités de «tentative de coup d'Etat», le général à la retraite Khalifa Haftar a lancé vendredi une offensive contre les groupes radicaux à Benghazi (est) qu'il accuse de «terrorisme» et les combats ont fait des dizaines de morts. L'offensive a été suspendue le temps de réorganiser les troupes selon lui. Le dissident affirme qu'il ne souhaite pas conquérir le pouvoir mais ne fait que répondre «la demande de la population de combattre le terrorisme» alors que les attaques islamistes se sont multipliées à Benghazi. Il a reçu l'appui des Forces spéciales, une unité d'élite de l'armée régulière, des officiers de la base aérienne de Tobrouk (est), et de la puissante tribu de l'est libyen, Al-Baraassa. «Nous nous joignons à la bataille de la 'Dignité'' menée par l'Armée nationale libyenne avec tous nos hommes et armes», a lancé lundi soir le chef des Forces spéciales à Benghazi, le colonel Wanis Boukhamada en référence à l'opération Haftar. Face à eux, le groupe jihadiste Ansar Asharia, basé à Benghazi et classé organisation «terroriste» par les Etats-Unis, a averti qu'il riposterait à toute attaque du général Haftar. «La confrontation est désormais inévitable pour défendre notre ville et notre terre», a-t-il dit dans un communiqué. D'autres milices islamistes loyales au CGN, comme la Cellule des opérations des révolutionnaires de Libye, ont aussi déclaré leur hostilité à Haftar, dénonçant «un coup d'Etat». Selon des ex-rebelles, ces différentes milices qui obéissent à leurs propres intérêts - qu'ils soient d'ordre idéologique, régional ou tribal - ont mobilisé leurs troupes et tentent de nouer des alliances, faisant craindre une escalade qui risque de plonger le pays dans la guerre civile. Le CGN a été jusque-là dans l'incapacité de contenir les puissantes milices armées formées de rebelles qui ont participé à la révolte en 2011 contre le régime El Gueddafi, n'ayant pas pu mettre en place une police ou une armée disciplinées. Une députée du CGN, Souad Ganour, a indiqué que le Congrès devait se réunir en début d'après-midi (hier) dans un hôtel de Tripoli, son siège ayant été la cible d'une attaque dimanche menée par les puissantes milices de la région de Zenten (ouest), considérées comme le bras armé du courant libéral et qui réclament la dissolution du CGN. Selon elle, un vote de confiance à un cabinet présenté par Ahmed Miitig et l'adoption du budget 2014, sont à l'ordre du jour qui leur a été communiqué. Dans son communiqué lundi soir, le gouvernement a proposé que «le CGN, après l'adoption du budget 2014, se mette en vacances parlementaires, jusqu'à l'élection d'un nouveau Parlement», dans un délai de trois mois. Il suggère aussi un nouveau vote de confiance à M.Miitig qui avait été élu à l'issue d'un vote chaotique et controversé début mai. Sous la pression de la rue qui lui reproche de n'avoir pas su mettre fin à l'anarchie, le CGN a décidé, après le prolongement de son mandat, d'organiser des élections anticipées, sans toutefois fixer de date. Malgré le chaos sécuritaire, Washington a affirmé maintenir un fonctionnement «normal» de son ambassade.