Les Chefs d'Etat des pays membres de la Ligue arabe, dont Abdelaziz Bouteflika, se retrouveront aujourd'hui à Syrte (Libye) pour un sommet extraordinaire. Principaux points à l'ordre du jour : la réforme de la Ligue qui recueille deux avis, l'un prônant une refonte globale et accélérée et l'autre un développement progressif, et la politique de voisinage. Mourad Medelci, le ministre des Affaires étrangères, a participé ce weekend aux travaux de la réunion ministérielle préparatoire à ce sommet et celui qui réunira demain pour la seconde fois, les Chefs d'Etat arabes avec leurs homologues africains. Mahmoud Abbas, le président palestinien, a présenté, hier, aux ministres des Affaires étrangères du Comité de l'initiative de paix arabe, qui se sont réunis en urgence pour débattre de l'avenir du processus de paix israélo-palestinien, un «important» exposé sur les négociations de paix directes avec les Israéliens qui ont repris le 2 septembre dernier à Washington pour s'arrêter juste après la reprise des constructions de colonies en Cisjordanie après la fin du moratoire le 26 septembre. Si Benyamin Netanyahu veut une reprise de ces négociations, rappelle le successeur de Yasser Arafat, il doit annoncer «officiellement» l'arrêt des constructions. «Mener des négociations tout en construisant dans les territoires est un rêve israélien qui ne se réalisera pas», expliquent les Palestiniens, même s'ils ne se font plus de grandes illusions sur les tractations actuelles entre Netanyahu et Barack Obama. «Nous continuerons nos efforts pour obtenir le gel de la colonisation et travaillerons sur ce dossier avec Netanyahu jusqu'à la toute dernière minute», déclare, dans un appel téléphonique, à la veille de la réunion de Syrte, Hillary Clinton à M. Abbas. Selon le Yediot Aharonot, Netanyahu demande à Obama d'endosser une lettre envoyée le 14 avril 2004 par le président Bush à Ariel Sharon. C'est-à-dire accepter l'annexion des grands blocs de colonies où vivent la majorité des 300.000 israéliens installés en Cisjordanie et refuser aux réfugiés palestiniens le droit de retourner un jour en Israël, mais seulement dans leur futur Etat en contrepartie d'un prolongement du moratoire de deux mois. Pour l'heure, l'administration US, qui «prie» l'Autorité palestinienne de ne pas adopter une décision radicale et d'accepter provisoirement la poursuite des négociations par l'intermédiaire de George Mitchell, s'y oppose. Elle présente aux Israéliens un «paquet» d'«incitations» (nouvelle fournée d'armes sophistiquées après les 20 avions de combat F35, blocage de toute proclamation d'un Etat palestinien à l'ONU, soutien à une présence militaire israélienne dans la vallée du Jourdain pour une période limitée, après la création d'un Etat palestinien,...). «La situation n'est pas favorable à des négociations directes», estime Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, précisant à l'endroit de Mahmoud Abbas que la Ligue arabe veut l'entendre et discuter avec lui de la situation tout en lui laissant les mains libres pour poursuivre ou non les négociations directes avec Netanyahu ou opter pour les voies alternatives aux stériles négociations directes actuelles. Comme porter devant l'ONU les activités de colonisation si Israël refuse la dernière proposition des Etats-Unis : prolonger le gel pendant deux mois. Période que les Palestiniens, qui sont convaincus qu'il n'y aura pas de processus de paix véritable et sérieux aussi longtemps que Netanyahu sera au pouvoir, comptent mettre à profit, selon Nabil Chaath, pour élaborer un accord sur une frontière entre Israël et un futur Etat palestinien. Parallèlement à cette réunion en terre libyenne, les Européens tentent d'entrer en jeu pour éviter l'effondrement des pourparlers directs. Les ministres français et espagnol des Affaires étrangères, Bernard Kouchner et Miguel Angel Moratinos, se rendront demain dans les Territoires palestiniens et en Jordanie pour convaincre Mahmoud Abbas de se rendre à Paris le 21 octobre pour rencontrer Netanyahu et Hillary Clinton en marge d'une réunion de l'Union pour la Méditerranée.