L'Agence algérienne pour le rayonnement culturel a présenté hier à la salle Ibn Zeydoun de l'Oref, l'avant-première du long métrage « Révolution Zendj » déjà détenteur du Grand prix du festival de Belfort de Tariq Teguia. « Un film très difficile à produire et à terminer », selon le réalisateur qui a mis plus de 4 ans pour achever cette œuvre qui dure un peu plus de deux heures. Elle évoque « la persistance d'une possibilité de révolte, de révolution, d'un refus de l'oppression », selon Tariq Teguia. Le réalisateur affirme que le produit a démarré avant même les premières émeutes qui ont secoué les pays du « printemps arabe » et conduit au renversement des régimes en place en Egypte ou en Tunisie. L'histoire du film s'articule autour du personnage d'Ibn Battutâ. Agé d'une trentaine d'années, il est journaliste dans un quotidien algérien. Un banal reportage sur des affrontements communautaires dans le Sud algérien le conduit imperceptiblement sur les traces de révoltes oubliées des 8e au 9e siècles sous le califat abbaside. Quelques mécontents au milieu des barricades s'affichaient comme des adeptes des « zindj ». Pour les besoins de son investigation, sous le prétexte d'enquêter sur l'état de la « nation arabe » pour le compte de son journal, I. B. se rend alors dans un premier temps à Beyrouth, ville qui incarna durant plusieurs décennies les luttes et les espoirs du monde arabe. Il y croise Nahla, une jeune Palestinienne dont la famille est réfugiée en Grèce. Elle est revenue sur les traces de son père, un militant nationaliste ayant fui cette ville après la défaite de 1982 face à l'armée israélienne. Ses pérégrinations le conduisent en Irak sous occupation américaine. A un moment donné, le journaliste (qui perd sa fonction en cours de route) se retrouve dans un état d'errance pour retrouver les révoltés de Znedj évoqué par les émeutiers de Berriane. Le voyage dans la mémoire historique rend des échos actuels. Mais qui sont les Zendj ? Des esclaves noirs originaires de la côte est de l'Afrique et dont l'étymologie se retrouve dans le nom de cet archipel de l'océan Indien qu'est Zanzibar. Aujourd'hui transformé, reconstruit par quelques nouvelles fortunes, il est devenu une destination prisée par les touristes fortunés. Se souvient-on encore qu'ici le commerce d'esclaves, dit triangulaire, y fit rage, sous l'impulsion des colons et marchands français. Les malheureux captifs étaient conduits vers Madagascar, la Réunion ou l'île Maurice. Pour revenir aux séquences du film, certaines ont été tournées à Alger et à Ghardaïa. L'équipe technique a reconstitué aussi des scènes en Grèce, au Liban, aux USA et en Irak. « Cela fait donc beaucoup de lieux, de longues distances qu'il a fallu parcourir. C'est pour cette raison qu'il nous a fallu trois années pour terminer ce film », a précisé Teguia. Selon lui, « le film a déjà bien circulé dans les festivals, en Italie, en Asie, aux Etats-Unis. Il a été également vu dans des facultés américaines ». Le réalisateur demeure toutefois modeste : « On n'a pas eu encore l'écho escompté parce qu'on a très peu de copies à montrer ». Pour la sortie du film en Algérie, Teguia a indiqué que « son produit sera peut-être inscrit dans l'agenda de quelques festivals ».