De notre envoyée spéciale : Nouria Bourihane Les encadreurs ont entamé l'opération de distribution des feuilles d'examen en attendant le coup d'envoi officiel de l'épreuve donné par Mahmoud Djamâa, le wali de Ghardaïa, au lycée Abderrahmane-Benrostom, situé au centre ville. Tout le staff est présent pour assurer le bon déroulement de cette épreuve. A l'administration, on veille au grain pour répondre à toutes les demandes exprimées en termes de moyen matériels. On commence déjà par remplir les procès-verbaux et la rédaction des rapports sur le lancement de l'opération. Le comptage des élèves et des encadreurs est également important à souligner. La salle de santé est équipée de tous les moyens. En plus de deux éléments de la protection civile, un médecin et une infirmière sont dépêchés dans chaque centre d'examen pour prendre soin des candidats. La psychologue est également sur les lieux. « Nous avons enregistré cinq absents sur plus de 300 candidats, ce qui est insignifiant », souligne Mohamed Taher, chef de centre. Le centre Abderrahmane-Benrostom a accueilli les candidats de plusieurs lycées de Ghardaïa appartenant à la communauté malékite. Pour ce premier jour, les candidats ont été examinés en lettres arabes. Le premier élève ne tarde pas à sortir. Il était scolarisé à Bouhraoua. « Je veux fumer », a-t-il dit à l'enseignant. « Non, mon fils, tu n'as pas le droit de quitter l'établissement avant le temps réglementaire », répond un encadreur qui entame vite une discussion amicale avec le jeune garçon. Ce dernier nous affirme qu'il attend de passer l'épreuve de mathématiques et de comptabilité, ses filières préférées. « Là, j'ai travaillé. J'ai fait de mon mieux. L'examen est abordable », lance-t-il. La psychologue a déjà fait plusieurs fois le tour du centre. « Aucun malaise signalé. Les candidats sont très concentrés. Ce qui est un bon signe », observe-t-elle. Un enseignant accompagné d'un candidat se dirige vers l'adjoint chef du centre, un billet à la main. Après l'avoir signé, le responsable fouille le candidat. « C'est le bon de sortie vers les sanitaires. Le prof le remplit, il accompagne le candidat pour le signer. On fouille le candidat et l'autorise à aller aux toilettes. Le prof est tenu de l'attendre et de le raccompagner en classe », explique-t-il. Du coup, des enseignants accompagnés d'élèves vont dans tous les sens. Deux heures sont passées. Les premiers candidats sortent des classes. Ils forment des groupes. « J'ai préféré aborder le texte car l'exercice sur la poésie a été difficile », note une candidate, affirmant que le sujet comporte « des cours du deuxième trimestre et qu'il est relativement abordable ». Entre joie et crainte Le sujet de discussion va vite vers les prochains examens. « C'est demain le véritable test pour nous », indiquent des candidats de la filière sciences naturelles. La crainte se lit sur les visages. « Comment voulez-vous qu'on révise alors que des cocktails Molotov est des bombes lacrymogènes font fureur à l'extérieur », regrette un candidat venu de Bouhraoua. « On ne peut pas réviser quand on change de maison et d'établissement », enchaîne une candidate scolarisée à El Korti. Les candidats cherchent leurs collègues. « Beaucoup vivent actuellement à Oued Nechou et Daya. Ils sortent à 6 heures pour arriver à l'heure. A midi, ils ne rentrent pas chez eux en raison du problème de transport », affirme une lycéenne. Le groupe se rappelle vite des dernières violences au quartier Chaâba. Il anticipe sur les résultats de l'épreuve. Chacun se dit malchanceux...au milieu des rires. Puis on se rappelle des victimes des événements. On évoque deux candidats amputé des bras. « Ce sont les victimes de la crise de Ghardaïa ». Des enseignants ont été chargés de leur rédiger les réponses sur les feuilles d'examen. Même ambiance au lycée Imam Aflah, à El Korti, consacré à une vaste majorité mozabite. « Nous avons enregistré 4 absences sur 295 », note Hattab, directeur du centre. Il déplore l'absence des travailleurs de ce lycée. « Nous sommes restés jusqu'à une heure tardive à nettoyer les classes pour accueillir les candidats », dit-il. « Nous avons bien travaillé. Le sujet a été abordable. Moi j'ai préféré la poésie », annonce un candidat. Une autre a été plus hésitante. « Ça été abordable ». Les candidats avaient plus d'assurance. Ils étaient moins stressés et pas du tout angoissés. Mais les évènements qu'a connus la région n'ont pas été sans effet sur eux. « Nous n'avions d'autre choix que d'étudier et de faire le maximum pour réussir », ont déclaré des candidats scolarisés à l'institut Ami-Saïd.