La chanteuse Nora, décédée dimanche dernier à l'âge de 72 ans dans un hôpital parisien, a été inhumée, jeudi dernier, à Sidi-Yahia. Le cimetière de ce quartier, sur les hauteurs d'Alger, en cette journée estivale, a été le point de ralliement de nombreux artistes, de proches et de plusieurs anonymes qui ont tenu à rendre un ultime hommage à la défunte. Certains étaient venus d'Oran, de Cherchell et surtout de Tizi-Ouzou. Le directeur de la culture, qui était la en compagnie de nombreux cadres du ministère de la Culture et de la radio, avait mis à la disposition des citoyens des moyens de transport. Une profonde émotion et une grande tristesse se lisaient sur les visages des artistes présents aux obsèques. Mohamed Lamari, Akli Yahiatène, Mohamed Hilmi, son frère Said, Ahmed Kadri, Boualem Rabia et autres personnalités du théâtre et du monde de la chanson étaient peinés. Ils sont venus rendre un dernier hommage à celle qui a dominé la scène artistique durant plusieurs années, et dont la dépouille était enveloppée de l'emblème national. « Je retiens surtout le nombre impressionnant de chansons qu'a interprétées celle qui fut la vraie vedette des années 60 et 70 », confie Abdelkader Bendamèche. Mohamed Lamari, les traits tirés, n'a pas manqué, en cette douloureuse occasion, d'exprimer sa grande tristesse, déclarant que les chansons de la défunte « marqueront à jamais le patrimoine de la chanson algérienne ». « Nous avons fait beaucoup la scène ensemble, notamment en France, et je me rappelle une autre fois en Guinée », se souvient-il. Il rappelle le rôle qu'a joué son époux dans sa vie artistique car « Kamel est un parolier d'exception qui maitrise tous les genres musicaux de notre pays ». Une autre icône de la chanson algéroise, Seloua, qui a accompagné la défunte dans ses tournées artistiques dans les 1960, a regretté la disparition de l'une des ambassadrices de l'art algérien authentique et profond. Ait Menguellet a souligné que la défunte a laissé derrière elle un riche répertoire de chansons. Kamal Hamadi, son époux, a salué, quant à lui, « le grand amour » que vouait Noura à l'Algérie et à sa famille durant plus d'un demi-siècle, ajoutant que Nora était « aimée de tout le monde ». Dans la matinée, de nombreux artistes comme Thuraya, Seloua, Narjass, Lounis Aït Menguellet se sont déplacés au palais de la culture, pour rendre un dernier hommage à la chanteuse. Des groupes de jeunes, des femmes âgées et moins âgées, de simples citoyens et des artistes (musiciens, chanteurs, comédiens, producteurs audio-visuels entre autres) dont certains ont connu la défunte, ont afflué pour réciter la Fatiha à la mémoire de celle qui restera « un symbole » et la « diva » de la chanson. Certains n'ont pu retenir leurs larmes devant la dépouille mortelle, drapée de l'emblème national, au milieu d'une grande salle ou la lecture du Coran ajoutait solennité à l'ambiance. Les présents ont dit garder de la défunte le souvenir d'une chanteuse « humble » et « populaire ». Beaucoup disent qu'« elle part en laissant une carrière pleine et marquée par son engagement envers la culture ». Très affectés par la disparition de la chanteuse Nora, Lounis Aït Menguellet a rappelé l'humanisme de la défunte ainsi que ses « grandes compétences » de l''artiste « accomplie ». Et de poursuivre « L'Algérie et le milieu artistique viennent de perdre une étoile. »