38 films sont en compétition pour l'Amayas d'or (Guépard d'or), plus haute distinction du festival qui se poursuit jusqu'au 11 juin. La ministre de la Culture a déclaré, lors d'une allocution d'ouverture, que « le Maghreb du cinéma n'est pas une simple conception de l'esprit, un vœu pieux, mais une réalité qu'il faut reconnaître et prendre en charge ». Selon elle, « il existe effectivement à travers une production considérable par sa quantité, sa qualité et par un échange continu et fructueux entre les pays. Les mêmes préoccupations et les mêmes engagements s'y reflètent. » Cette deuxième édition où l'accès dans les salles est gratuit est marquée par la sélection de 38 œuvres réalisées pour les plus anciennes en 2012. 19 seront projetées en avant-première. Se déroulant sur un rythme très soutenu, le festival propose une programmation très riche, axée sur 7 réalisations, avec, dès 13h30, à la cinémathèque algérienne, la projection de deux documentaires, suivis en milieu d'après-midi puis en soirée à la salle Mouggar du lancement des compétitions court et long métrages. Abdelkrim Aït Oumeziane, commissaire du festival, a affirmé : « Je dois admettre que le succès obtenu lors de la 1re édition nous a donné des ailes et nous a imposé de maintenir le cap, d'être à la hauteur des attentes du public et des professionnels, et de mesurer la responsabilité face aux espoirs que nous nourrissons en termes de rencontres entre professionnels du cinéma, de projets de coproduction, d'échanges d'expériences, et, enfin, de contacts avec le public lors des débats. » La cérémonie d'ouverture a été marquée par la projection de « Fadhma N'soumer » de Belkacem Hadjadj, fiction historique consacrée à la figure de l'héroïne populaire de la résistance en Kabylie durant les premières décennies de la colonisation française. Cette fiction est tracée par des faits historiques, mais les sources écrites sur cette grande figure demeurent « rares », déplore le réalisateur. Sur une période allant de 1847 à 1857, le film, tourné entièrement en langue kabyle, brosse également le portrait du résistant Cherif Boubaghla (joué par le Franco-Marocain Assad Bouab), un « étranger » accueilli par une des tribus de la Kabylie, avant de devenir un véritable chef de guerre. Le réalisateur choisira ainsi de croiser le parcours de ces deux héros en s'attachant à montrer l'ascendant de Fadhma N'soumer, devenue une guérisseuse reconnue et respectée, sur ce guerrier aventureux au fil du film, par sa puissance au point de devenir « barbare ». Jeudi dernier, dans la section longs métrages, le public, assez nombreux, a suivi la projection de « Formatage » du Marocain Mourad El Khaoudi et « Challet de Tunis » de la Tunisienne Kaouther Ben Hania. Le premier est un film thriller. Il contient plus de scènes de suspense. Le film raconte l'histoire d'un amnésique délivré après son séjour dans le village de Bouya Omar. Rihana se trouve confrontée à l'amnésie de son époux Ramzi et essaie de l'aider en lui rappelant des moments vécus ensemble. Mais elle se heurte à une personnalité renfermée sur elle-même et refusant la parole. Un troisième personnage, Fadel, apparaît alors dans un moment opportun. Il va informer Ramzi que Rihana n'est pas son épouse mais une criminelle qui prépare un plan à son encontre. Ramzi se met à douter de Rihana et se confronte à elle après avoir cherché, partout dans la maison, des preuves. Mais elle rejette systématiquement tout ce qu'il affirme. Le réalisateur de ce film killer tourné entre Cablanca et Ifrane pousse les limites du politiquement incorrect avec un scénario retors et une galerie de personnages tous plus talentueux les uns que les autres, incarnés par des acteurs formidables qui n'ont pas peur de se salir les mains. Mourad El Khaoudi a étudié à l'école des Beaux arts de Casablanca. Passionné de théâtre, il en a fait sa vocation. Cette expérience dans le 4e art l'a amené à pratiquer la direction d'acteurs ensuite mise au service du cinéma. En 2000, il réalise son premier court métrage de fiction « Le Caporal », puis d'autres encore, avant son premier long métrage « Formatage ». Le second film évoque une légende urbaine de Tunisie qui s'est étendue à plusieurs pays du Moyen-Orient. Le challat de Tunis est un homme mystérieux qui aurait balafré le postérieur de plusieurs Tunisiennes avec sa lame de barbier parce que, selon lui, elles étaient habillées trop à l'occidentale. Les faits se sont déroulés alors que le président Ben Ali était au pouvoir. L'enquête est menée après le soulèvement populaire de 2011. La réalisatrice dresse, dans son premier long métrage, le portrait d'une société tunisienne en pleine effervescence, où le corps féminin reste un enjeu de taille. Ce long métrage de 85 minutes joue avec les limites de voyeur du spectateur en se confrontant un par un aux maux qui hérissent les poils de nos sociétés. De l'art, du suspense, mais surtout beaucoup d'audace. Kaouther Ben Hania réalise son premier court métrage en 2006 « Moi, ma sœur et la chose », puis rejoint l'équipe fondatrice de la chaîne « Al Jazeera documentaire ». En 2008, elle signe le documentaire « Les imams vont l'école » en 2010, suivi d'une série télévisuelle pour enfants en 3D, diffusée sur Al Jazeera Children. Le Festival culturel maghrébin du cinéma d'Alger se fixe pour objectif de faire connaître au grand public les productions récentes des jeunes auteurs et cinéastes maghrébins et de promouvoir et développer les échanges dans le domaine du cinéma entre les pays du Maghreb.