Mohamed Garne à la faveur de l'approche du SILA (Salon International du livre d'Alger) est revenu pour la promotion de son livre. Et ce, après un premier contact avec le lecteur algérien à la faveur d'une vente-dédicace qui a eu lieu au printemps dernier à la librairie de l'Union des écrivains algériens, de son ouvrage édité sous le titre de «Lettre à ce père qui pourrait être vous, chez JL (Jilles et Latès). Une autobiographie et pas n'importe laquelle, que ce jeune algérien a écrite avec passion mais aussi avec un recul suffisamment en tous cas pour raconter ce que lui et sa mère ont vécu et subi pendant la colonisation. Lui l'enfant né d'un viol collectif commis par les soldats français dans les monts de l'Ouarsenis alors que sa mère était au maquis en compagnie de son mari moudjahid, tombé au champ d'honneur. Il aura fallu 28 pleines années de recherches pour que Mohamed retrouve trace de sa mère biologique et 20 autres longues années pour porter en public son affaire devant la justice française et lui réclamer dommages et intérêt. Le jeune pupille de l'Etat, de procès en procès, va bientôt remporter la victoire même si la totalité de ses droits pour lequel il continue le combat, ne sont pas dans leur totalité recouvrés. Aujourd'hui, Mohamed Garne poursuit sa quête de faire toute la lumière sur ce crime qu'il qualifie de crime contre l'humanité, de cime de guerre, avec le même ouvrage, cette fois-ci avec ce titre original et percutant de Français par le cime, j'accuse ! édité à compte d'auteur, préfacé par Louisette Ighil Ahriz, cette auteur artisane de la Révolution de Novembre. Et pas meilleure opportunité que ce mois d'octobre qui rappelle les tristes massacres des Algériens le 17 octobre 1961, pour marquer la mémoire. Et alors que le SILA est à nos portes (27 octobre-6 novembre 2010), Mohamed Garne veut saisir cette occasion pour mettre en relief son livre qui porte en lui les souffrances de nombreux algériens qui ont subi le même sort pendant la guerre de Libération. Depuis quelques jours, il s'échine à trouver le moyen de participer à ce salon. Un accord de principe lui a été donné par les instances concernées par ce salon, en l'invitant à apporter quelques exemplaires de son livre, en lui affrétant un bureau dans les espaces du SILA pour le présenter. Mais M. Garne s'en trouve découragé lui qui déclare avoir «sacrifié 25 ans de sa vie pour faire la lumière sur un crime qui touche toute l'Algérie. Une manière pour lui de contribuer aussi à demander réparation pour tous les crimes que la France coloniale a perpétrés dans notre pays et sur tout le peuple algérien, pour les reconnaître et les assumer. Et ainsi écrire une page de l'histoire et participer à sa réécriture comme cela est mis en branle depuis quelques années, pour lutter contre l'oubli. Pour mémoire. Aujourd'hui, je suis dérouté, désorienté, au vu du ballottage dont je fais l'objet, car, comment prendre part à ce grand événement livresque sans les moyens logistiques adéquats ? D'autant que je cours toujours pour ma mère qui n'a pas encore elle aussi recouvré tous ses droits de moudjahida, étant déjà sans toit…». Un appel aux pouvoirs publics dont il voudrait bien faire porter écho.