L'Algérie est en train de construire un réseau très conséquent et dense pour gérer et réduire le risque sismique. Elle sera dotée d'ici la fin 2011 d'un réseau de surveillance sismique composé de 100 appareils numérisés, alors qu'il y a à peine quelques années, elle ne disposait que de 30 appareils analogiques, actuellement numérisés. 66 appareils sont déjà installés, 4 autres le seront prochainement en attendant l'achèvement de l'opération. Laquelle renforcera, grâce à la technicité, la technologie et la recherche sur le réseau GPS, mis en place pour mesurer la déformation.Il s'agit de méthodes satellitaires très précises et sensibles à l'activité sismique. Ce qui fait dire aux sismologues algériens et étrangers participant hier à la commémoration du 30e anniversaire du séisme d'El Asnam (10 octobre 1980 ) que les institutions spécialisées et les moyens mis en place sont capables de gérer, sur le plan alerte, le risque sismique à même d'enregistrer la micro sismicité. Cette performance n'est en réalité qu'une exigence des enseignements tirés par l'occurrence du violent séisme d'El Asnam, ayant fait 2633 morts, plusieurs milliers de blessés et causant d'importants dégâts évalués, à l'époque, à près de deux milliards de dollars. C'est ce qui a, d'ailleurs, déclenché une recherche scientifique en sismologie. Il fallait donc tenter de comprendre le phénomène et d'en déduire des informations pour la compréhension de la sismicité de la région Nord de l'Algérie. Le colloque international tenu depuis hier, au Palais de la culture, s'articule autour des enseignements tirés depuis cette date, des mesures entreprises et celles à entreprendre à l'avenir. Selon M. Yelles, directeur du CRAAG (Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique, la rencontre d'hier n'est que le prolongement de la journée d'étude tenue récemment par le même centre au Palais des Nations. Unanimes, les sismologues estiment que le séisme d'El Asnam imposa à l'Algérie la nécessité de se doter d'un réseau de surveillance sismologique et de lancer des investigations en la matière dans la région Nord du pays. Un vaste programme a été engagé, impliquant tous les départements concernés par la gestion du risque sismique. Un effort considérable a été déployé. Il a favorisé la mise en œuvre d'une stratégie. Il y a eu la promulgation de la loi 04-20 qui définit parfaitement la stratégie de réduction du risque sismique. Selon M. Yelles, la réduction du risque est une avancée tangible. Elle s'est traduite par l'élaboration de codes parasismiques, la connaissance des séismes, la sensibilisation au niveau des écoles, l'implication des assurances. «L'expérience de l'Algérie est reconnue au niveau international», a souligné M. Yelles. IL FAUT MAÎTRISER LES FAILLES MARINES En dépit de l'installation de réseau de surveillance sismique, les experts plaident l'urgence d'une zonation sismique avec tout ce qu'elle implique comme études et travaux de recherche pour une meilleure gestion du risque sismique. M. Bernard Mercier de Lépinay du CNRS (Géo Azur) reconnaît que d'énormes progrès ont été réalisés en Algérie sur les failles terrestres, estimant qu'il faut reconnaître que les grandes failles sont en mer. «Il y a à peine quelques années, on connaissait mal le réseau de failles sous-marin. On commence à avoir un tableau beaucoup plus détaillé des failles marines, depuis la région d'Oran jusqu'à celle d'Annaba, en passant par la région d'Alger», a souligné cet expert, soulignant qu'un grand travail est mené actuellement pour tenter de rassembler toutes les informations avec toutes les méthodes géophysiques. La mission n'est pas encore achevée mais les sismologues maîtrisent mieux les réseaux de failles. L'expert français reconnaît que l'Algérie est une zone à forte sismicité mais pas autant que certains pays comme le Chili. «Mais comme elle est une zone côtière, il faut tenir compte de l'amélioration des connaissances», a-t-il relevé.