Une telle catastrophe mettrait 90 minutes pour atteindre la rive nord de la Méditerranée. De nouvelles stations sismologiques devront être installées sur les côtes d'Algérie, du Maroc et de Tunisie, c'est ce recommande le Commissariat français à l'énergie atomique (CEA). Un tsunami mettrait moins de 90 minutes pour traverser la Méditerranée, de la côte algérienne au littoral français et à peine 30 mn pour gagner les Baléares. Pour prévenir le pire, l'alerte doit être donnée aux autorités civiles dans les 15 minutes suivant le séisme, insiste cet organisme français. Cette inquiétante et impérative prévention a été révélée par Bruno Feignier, chef du département français d'analyse et surveillance de l'environnement au CEA. Qu'en est-il de ces recommandations pertinentes en Algérie? Aucun dispositif d'alerte pour les inondations n'a été mis en place. Les terribles inondations de Bab-El-Oued (Alger) avaient pourtant donné lieu à une révision de la législation sur la gestion des catastrophes naturelles. Le texte en question, rappelle-t-on, prévoyait la mise en place d'un dispositif d'alerte sur les inondations. Hélas, neuf ans plus tard, rien n'a été fait. Les inondations qui ont endeuillé l'année dernière Ghardaïa, en sont témoins, a rappelé tristement hier la presse écrite. La taille réduite de la Méditerranée impose l'installation d'un réseau très dense pour apporter une réponse rapide, précise de son côté François Shindelé, conseiller scientifique au CEA. Car, explique-t-il, «Un tsunami déclenché par un séisme se propage à 700/800 km/heure en pleine mer, avant de ralentir de quelques dizaines de km/h à l'approche des côtes, tout en gagnant en amplitude». «Ce sera une véritable première dans le monde pour sa rapidité d'analyse et d'alerte», a averti pour sa part Chantal Jouanno, la secrétaire d'Etat française à l'Ecologie. L'impréparation à de tels cataclysmes se vérifie à chaque catastrophe dans le monde. Ainsi, depuis le milieu des années 50, pour ce qui concerne la France, les experts du CEA surveillent les essais nucléaires dans le monde, dont les ondes se transmettent à la vitesse de l'éclair sous la croûte terrestre. Le Commissariat dispose d'autre part, depuis les années 60, d'un centre d'alerte en Polynésie, car le risque de tsunami est particulièrement élevé dans le Pacifique. Un réseau de 38 stations sismologiques et de marégraphes en France et dans les pays voisins, gérées avec le Centre national de la recherche scientifique français (Cnrs), existe. Ces stations de marégraphes mesurent le niveau de la mer et enregistrent le mouvement des vagues.Le premier message d'alerte sera capable de donner la localisation, la magnitude et l'heure d'origine du séisme; puis de préciser les heures d'arrivée calculées sur les côtes concernées, et enfin le tsunami potentiel et son niveau d'intensité. La véritable performance de ce centre sera la précision des données côtières, en cours d'élaboration grâce à des relevés cartographiques, notamment. La prévention des risques sismiques continue d'être une préoccupation en Algérie, comme en témoigne la collaboration avec les Chinois dans ce domaine. La finalisation de stations sismologiques, et l'élaboration d'une nouvelle centrale sismique est venue compléter le réseau algérien de surveillance sismique déjà existant. C'est au lendemain du séisme de 2003 à Boumerdès qu'une coopération entre les deux pays a été lancée. L'administration chinoise de la CEA a fait don au Craag d'un équipement scientifique d'un montant d'un million d'euros, composé de 20 stations sismologiques et d'une centrale de surveillance sismologique.