Au lendemain d'un entretien avec son homologue russe Vladimir Poutine, le président ukrainien, Petro Poroshenko, a annoncé, hier, qu'il allait ordonner « sous peu » un cessez-le-feu unilatéral dans l'Est du pays, dans le cadre de son plan de paix pour mettre fin à une insurrection séparatiste prorusse. « Immédiatement après cela, nous devons recevoir le soutien pour ce plan de paix présidentiel de tous les participants (impliqués dans le conflit). Cela devrait intervenir très rapidement », a-t-il déclaré. Dans son plan de paix, le président ukrainien appelle également le président Poutine à reconnaître officiellement les nouveaux dirigeants du pays après la chute de l'administration pro-russe fin février. Une condition qui ne semble pas emballer Moscou qui, malgré les entretiens réguliers avec le président ukrainien, n'est pas prompt à reconnaitre officiellement sa légitimié. Porochenko a également promis l'amnistie « à ceux qui déposeront les armes et à ceux qui n'auront pas commis de crimes graves ». Les déclarations du chef d'Etat ukrainien ont été confirmées par la Russie. « La conclusion d'un possible cessez-le-feu dans la zone des opérations militaires dans le sud-est de l'Ukraine a été évoquée », a révélé le Kremlin à l'issue des pourparlers durant lesquels Poutine a exprimé son inquiétude après la mort de deux journalistes de la télévision russe et souligné l'importance d'assurer la sécurité des reporters en Ukraine. Après avoir présenté ses condoléances, le dirigeant ukrainien s'est engagé à prendre les mesures de sécurité nécessaires pour protéger les reporters couvrant le conflit. Autre signe de détente : Porochenko a nommé au poste de ministre des Affaires étrangères l'actuel représentant ukrainien dans les négociations en cours avec la Russie pour instaurer un plan de paix dans l'Est séparatiste. Cette nomination intervient après un incident diplomatique qui a failli aggraver davantage les relations déjà tumultueuses entre Kiev et Moscou. Le chef de diplomatie limogé, Andrii Dechtchitsa avait lancé des injures contre Poutine pour calmer une foule en colère manifestant devant l'ambassade de Russie à Kiev, après la destruction d'un avion militaire ukrainien abattu par des séparatistes, faisant 49 morts. Plusieurs hauts responsables russes ont alors crié au scandale et appelé le président ukrainien à limoger Dechtchitsa. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait même déclaré qu'il ne savait « pas comment il va pouvoir discuter et travailler avec nous ». Rapprochement réel ou choix tactique ? Les deux hypothèses ne sont pas à exclure sachant la profondeur des divergences entre les deux parties. Loin de la « conciliation » ambiante, le comité d'enquête russe a annoncé le lancement des poursuites contre le ministre ukrainien de l'Intérieur Arsen Avakov et d'autres responsables pour une opération armée organisée dans l'Est du pays « visant intentionnellement au meurtre de civils ». De son côté, la société pétrolière Gazprom a accusé l'Ukraine de mal entretenir son réseau gazier servant au transit du gaz russe, après une explosion survenue la veille sur un gazoduc alimentant l'Europe.