Fin connaisseur du secteur notamment de la presse écrite, le nouveau responsable du secteur de la Communication ne s'est pas empêché d'émettre quelques réserves concernant la gestion de plusieurs titres, incombant la responsabilité aux éditeurs. « Une bonne partie ont des difficultés financières en dépit du fait qu'ils ont des rentrées conséquentes en matière de publicité », a-t-il estimé, qualifiant la presse algérienne de dynamique et énergique mais qui accuse un besoin en matière de mise à niveau. « Je sais comment fonctionnent les journaux. Il faut qu'ils soient plus compétitifs pour être de véritables entreprises de presse et non des budgétivores de la publicité étatique », regrette-t-il. Et d'enchaîner : « Si ces entreprises de la presse écrite génèrent des bénéfices et sont donc compétitives, elles vivent et prospèrent. Si c'est le contraire, elles sont appelées à disparaître même si elles sont des références en la matière. » En d'autres termes, nos journaux doivent trouver d'autres sources de financement et ne pas compter seulement sur l'aide de l'Etat. Dans ce contexte, il fera remarquer que « sur les 350 titres, tous genres confondus, une vingtaine seulement fonctionne de manière professionnelle ». Dressant un consta de la situation socioprofessionnelle de la grande majorité des journalistes algériens, le ministre dira : « Nous avons à faire à une presse qui n'assure pas les conditions socioprofessionnelles minimales pour les journalistes qui n'ont pas de couverture sociale, pas de salaires décents, pas de formation, pas d'investissement dans le matériel ni dans le développement du journal. Cet état de fait a créé un fossé considérable entre les éditeurs qui s'enrichissent et les journalistes qui s'appauvrissent. Cette contradiction est régressive et répressive pour le métier. » Grine soulève le cas humiliant de certains illustres de la corporation dont il a voulu garder dans l'anonymat. « Je connais actuellement de grands journalistes qui travaillent dans des journaux connus, mais vivent dans la précarité. Cette situation m'interpelle en tant qu'être humain et en tant que ministre. » « Il est hors de question que le ministre donne des orientations à l'Anep dans le sens de privilégier les gros tirages, si ces entreprises ne respectent pas l'éthique. Pour moi, les paramètres du tirage et de l'éthique sont au même niveau », a-t-il précisé. « Je veux que le journaliste soit roi dans son entreprise », déclare-t-il, tout en songeant au gel de la délivrance d'agréments de nouveaux journaux avant d'avoir procédé à l'assainissement du secteur de la presse écrite en Algérie.