La prise en charge des brûlés constitue un véritable problème pour les praticiens. Le nombre restreint des établissements destinés aux « victimes du feu » —seulement deux structures à l'échelle nationale, la clinique des grands brûlés d'Alger, qui reçoit des malades âgés de 0 à 15 ans, et l'hôpital de Douéra, destiné aux adultes — ne permet pas de venir en aide aux patients qui restent nombreux. A telle enseigne que les médecins n'arrivent pas à pratiquer la chirurgie réparatrice et se contentent de traiter les plaies. A l'intérieur du pays, les choses sont plus dramatiques puisqu'un simple changement de pansement reste n'est pas possible. Devant cette situation, l'Association nationale de sensibilisation et de prévention contre les brûlures (ANSPB) a organisé, hier, au Jardin d'essai du Hamma, une journée de sensibilisation en vue de prévenir contre ce véritable problème de santé publique. Le directeur de la prévention au ministère de la Santé, Mohamed Grimm, a souligné, à l'occasion, l'importance d'une telle initiative d'autant que les brûlures sont des accidents « évitables, et pour cela le ministère s'appuie sur la prévention, l'éducation, la formation et l'information pour mettre un terme à ces drames ». De son côté, le Dr Fethi Benachenhou, médecin de santé publique, a mis en garde contre ces accidents dont le nombre augmente durant le mois de Ramadhan. « Non pas à cause du jeûne mais du fait du redoublement des facteurs de risque. La maîtresse de maison redouble d'efforts et court dans tous les sens, ce qui augmente le risque de brûlures », explique-t-il. Il souligne, dans ce sens, que les chiffres sont « alarmants et la prise en charge d'un brûlé revient à 17.000 DA par jour, sans oublier les souffrances physiques et psychiques générées par ces accidents ». Le Dr Benachenhou a, à ce propos, lancé un appel aux constructeurs et autres promoteurs immobiliers à réaliser des logements qui « ne seront plus de véritables pièges pour leurs occupants ». « Nos comportements doivent changer », soutient-il. Le nombre d'enfants de moins de 15 ans brûlés a atteint 45.698 en 2011. Des images choquantes sont diffusées pour sensibiliser le public venu nombreux à cette journée d'information. Selon Lyès Seghier, secrétaire général de l'ANSPB, « 90% des accidents sont dus à des liquides chauds, notamment l'huile, et aux articles ménagers, principalement la cocotte-minute et la cafetière, contrefaits ». Profitant de la présence des mamans, les médecins de l'association ont conseillé les présents d'éviter de mettre de la tomate, du dentifrice, du jaune d'œuf ou du marc de café sur la brûlure. Car ceci masque la profondeur de la plaie et pour la nettoyer, le médecin est contraint de frotter. Un supplice supplémentaire pour le patient. Ainsi, dans les cas de brûlure, il faut laisser l'eau couler sur l'endroit brûlé avant d'acheminer le malade vers la structure la plus proche.