Dégâts - A l'approche de chaque fête du Mouloud, beaucoup sont amputés des doigts, des mains ou sont défigurés. Les enfants sont évacués vers les urgences des hôpitaux à cause de «chitana», «double bombe» ou autres types de pétards. Ce constat a été rappelé jeudi dernier à l'Ecole nationale des impôts de Koléa (Tipasa) lors de la 1re journée nationale des brûlés organisée par l'Association nationale de sensibilisation et de prévention des brûlures (Anspb). «Les parents achètent à leurs enfants des dangers incroyables qui peuvent les pénaliser à vie en quelques secondes», déplore le 1er vice-président de l'association l'Anspb, le Dr Khalil Redha Hadj Mati de l'hôpital central des brûlés. Il demande aux Algériens de lui expliquer l'origine de cette «tradition» qui dit qu'il faut fêter le Mouloud avec des pétards et des fumigènes. Et même si ces accidents dus aux pétards ont nettement reculé de 50 % pour les enfants âgés de moins de 16 ans selon les chiffres des représentants de l'association dont des médecins spécialistes des services spécialisés des brûlés de Douéra et d'Alger-Centre, ils n'en restent pas moins dangereux et inadmissibles. Le chargé de communication au sein de l'EHS spécialisé d'Alger, Larbi Cherif Mohamed Reda, nous a déclaré en marge de la rencontre que sa structure n'est pas suffisante et ne répond pas aux normes avec l'important nombre de brûlés évacués vers son service dont un grand nombre de victimes de pétards durant la période de la fête du Mouloud. Ces cas s'ajoutent aux centaines d'autres brûlés dont beaucoup d'enfants victimes d'accidents domestiques suite à une inconscience ou négligence des parents qui ignorent que la prise en charge des brûlés est non seulement lourde mais coûteuse. Outre que le traumatisme nécessite beaucoup de temps, voire toute une vie pour dépasser le choc. Les campagnes de sensibilisation ne devraient plus être conjoncturelles. Le Dr Behloul, la présidente de l'association Anspb, insiste sur le fait qu'au-delà du drame personnel, physique et psychosocial, il y a «le coût très important, le retentissement socio-économique lourd, l'insuffisance des structures spécialisées dans la prise en charge des brûlés. Il y a aussi l'insuffisance de formation exprimée par de nombreux praticiens toutes spécialités confondues (médecins généralistes, scolaires, pédiatres, dermatologues)». Sous la casquette du professionnel de la santé, le président de l'APC de Koléa, Djillali Hemaidi Zorgui, nous a affirmé, en marge de la rencontre, l'importance de la peau pour le corps humain. Elle constitue la barrière contre toute agression extérieure. Mais quand elle fait l'objet de brûlures, c'est tout un processus de vie qui se complique et ce, outre les douleurs et les souffrances. Alors que deux cliniques seulement existent pour la prise en charge des grands brûlés à l'échelle nationale : L'EHS de l'avenue Pasteur (Alger) pour les moins de 16 ans et le service des brûlés de l'hôpital de Douéra pour les plus de 16 ans.