La France est en ébullition. Le report de l'âge minimal de départ à la retraite de soixante à soixante-deux ans continue de provoquer l'ire des Français. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté hier à travers les grandes villes de l'Hexagone pour forcer leur président à surseoir à sa décision. La colère des Français s'explique, en partie, par le fait que si la réforme passe, il y aura moins de chance de trouver du travail, car les places se libéreront moins vite. D'ores et déjà, une nouvelle journée de grève et de manifestation est prévue pour mardi prochain, soit la veille du jour fixé pour l'adoption du projet de loi en question au Sénat. Le ministère de l'Intérieur juge la manifestation en baisse par rapport aux précédentes mobilisations. Le terrain contredit ses déclarations. Le vent de la protestation gagne du terrain. Les lycéens sont dans la rue aux côtés des travailleurs. Le ministère de l'Education minimise. Seulement trois cents établissements, dit-il. Le syndicat des lycéens avance le chiffre de neuf cents établissements. Lors des manifestations, des lycéens et des policiers ont été blessés. Pour éviter le pire, le ministère de l'Intérieur a ordonné aux forces de l'ordre la limitation de «l'usage de la force». Les syndicats qui restent mobilisés contre cette réforme ont bloqué des raffineries et des dépôts d'essence. L'Union française des industries pétrolières affirme le blocage de douze raffineries et la fermeture de dix. Elle craint une pénurie de carburant dans les aéroports dès demain soir. A l'aéroport de Roissy, les avions risquent de ne pas décoller à partir de mardi prochain. Le vent de la contestation a aussi soufflé sur le secteur du transport ferroviaire ainsi que les routiers, dont le syndicat appelle depuis jeudi passé au blocage des routes et des sites pétroliers pour faire avancer les revendications des travailleurs. Après s'être fait l'unanimité contre lui, le chef d'Etat français qui reste intransigeant face à la contestation sociale, écoutera-t-il enfin la voix de la raison? La contestation pourrait franchir un nouveau cap.