Bouclier n La contestation de la réforme des retraites a atteint hier mardi, en France, un niveau de mobilisation record où 3,5 millions de manifestants sont descendus dans la rue, selon les syndicats. Au moment où le gouvernement Sarkozy est déterminé à mener à terme son projet de réforme des retraites, reportant l'âge de la retraite à taux plein de 65 à 67 ans, comme l'a affirmé à nouveau son Premier ministre, François Fillon, hier, mardi, au Parlement, les rues et places de l'Hexagone n'arrêtaient pas de résonner hier, mardi, sous les cris de millions de contestataires de ce «projet controversé». S'il a consenti des aménagements en faveur de certaines mères de famille, pour les carrières longues ou des emplois pénibles, le gouvernement reste inflexible sur le fond de la réforme, dont le Président Nicolas Sarkozy a fait un chantier phare de la fin de son mandat. Selon les deux grands syndicats français, CGT et CFDT, 3,5 millions de personnes (500 000 de plus que lors de la précédente journée de manifestation le 23 septembre) se sont mobilisées à travers la France, le ministère de l'Intérieur faisant état de 1,23 million de manifestants (+233 000). Une présence inédite redoutée par le pouvoir qui craint une radicalisation du mouvement. Pour la CGT, qui appelle à «aller au bout de ce puissant mouvement revendicatif», cette «participation exceptionnelle témoigne d'une mobilisation grandissante, d'une détermination renforcée». «Le blocage du pays, cela n'a jamais été un objectif en soi, mais cela peut devenir un conséquence de l'intransigeance du gouvernement», a mis en garde hier mardi, dans soirée, le dirigeant de la CGT, Bernard Thibault. A Paris, 330 000 personnes ont défilé, selon les syndicats, tandis que la police faisait état de 89 000 manifestants, en forte hausse également. Des milliers de lycéens et étudiants, appelés par les syndicats à se mobiliser massivement, faisaient partie du cortège, scandant : «Les jeunes dans la misère, les vieux dans la galère, c'est tous ensemble qu'on va gagner». L'ancienne candidate socialiste à la présidentielle, Ségolène Royal, a d'ailleurs appelé, hier soir, les jeunes à «descendre dans la rue mais de façon très pacifique». Parallèlement, la grève était largement suivie mardi dans deux secteurs stratégiques : les transports et l'énergie. La Société nationale des chemins de fer (Sncf) dénombrait 40% de grévistes et seulement un Train à grande vitesse sur trois circulait entre Paris et la province. Côté transports aériens, 30% des vols étaient annulés à l'aéroport de Roissy, le principal aéroport parisien, et 50% à celui d'Orly. Onze des douze raffineries françaises étaient en grève, sans perturber l'approvisionnement en carburant. Cette journée pourrait marquer un tournant dans le bras de fer entre le pouvoir et les syndicats car la poursuite des grèves et des manifestations est à l'ordre du jour. Ce mercredi, la grève dans le secteur des transports se poursuit pour une deuxième journée consécutive touchant aussi les raffineries.