La question kurde revient pour occuper les devants de l'actualité en… Irak avant le retrait américain et l'ouverture à Londres des premières audiences de la commission d'enquête sur la participation du Royaume-Uni à la guerre contre le pays de Saddam Hussein. Massoud Barzani, le président du Kurdistan, mettra sur pied une armée kurde unifiée dans le nord de l'Irak. « Après les élections de juillet dernier au Parlement et à la suite d'un accord entre tous les partis, le Kurdistan a pris la décision d'établir une armée unifiée, dont le noyau sera composée des peshmergas » dit-il lors d'une rencontre à Erbil, avec une délégation militaire américaine, dont il a sollicité « l'aide » pour former et unifier cette armée selon des « critères modernes et internationaux ». Aveu de Massoud Barzani, voir une armée du Kurdistan « un requête de notre peuple » précise-t-il, a été un de ses grands « rêves ». Selon le Centre Jaffee d'études stratégiques de l'Universtité de Tel-Aviv, les peshmergas (combattants), liés au Parti Démocratique du Kurdista de de Massoud Barzani seraient au nombre de 55.000 hommes dont 30.000 de réserves et ceux liés à l'Union patriotique du Kurdistan de Jalal Talabani seraient 18.000 environ. Deux chiffres qui expliquent en partie pourquoi la guerre que ces mouvements se sont livrés entre 1994 et 1998, a fait 3.000 morts, avant de se réconcilier sous les auspices de Washington et d'accepter après la fusion de leurs deux gouvernements basés respectivement à Erbil et Souleimaniyeh. Cette sortie du président du Kurdistan ne manquera pas de faire réagir turcs, syriens, iraniens. Elle pourrait accentuer le différend pétrolier avec le gouvernement du chiite Premier ministre Nouri al-Maliki « qui ne sera pas réglé avant les élections » prévues en janvier 2010, selon une déclaration faite mardi par Barzani au Parlement européen à Bruxelles. « D'ici aux élections, je ne pense pas que les différends entre notre région autonome et le gouvernement fédéral seront résolus. Je ne pense pas que ça pourra être fait dans les mois à venir » dit-il. Le différend ? Le Kurdistan qui a commencé le 1er juin à exporter son pétrole pour la première fois de son histoire, a cessé de le faire depuis car il veut un droit de regard sur le paiement des compagnies étrangères qui exploitent ses gisements à Bagdad. « Les hydrocarbures du Kurdistan représentent environ 17% du revenu national et cela devrait retourner directement à la région Kurdistan et non pas à Bagdad ou utilisé comme une arme contre nous » estiment les kurdes qui tout en reconnaissant que le pétrole et le gaz appartiennent à l'ensemble du peuple irakien. Les Kurdes qui exigent un « partage équitable des revenus » menacent de boycotter aussi le scrutin prévu en janvier. Ils veulent une meilleure représentation au Parlement où le nombre de sièges est passé de 275 à 323 pour refléter la croissance démographique. Sur les 38 sièges seuls trois ont été alloués aux provinces kurdes. Ils revendiquent 17 sièges supplémentaires pour aller à ces élections dont même les sunnites ne veulent pas apparemment. Comme pour repousser les chances de tenir ces législatives comme prévu par la Constitution et permettre de donner le point de départ au retrait américain 60 jours après leur tenue, le Parlement irakien a reporté hier pour la seconde fois le vote sur la loi électorale. « Le temps de clarifier les choses » explique Khaled al-Attiya, son vice-président du Parlement.