A l'heure où nous continuons de pleurer et nous battre la coulpe sur le déclin du Hayek, voilà qu'un autre vêtement, tout aussi algérien, qu'on croyait à jamais jeté dans la poubelle de l'inconscient collectif, voilà, mais celui là par contre, et à notre grande surprise, revenir en trombe sur les devants des vitrines : le Seroual El Loubia. On biche rien qu'à l'idée de savoir que notre accoutrement traditionnel, d'une richesse et d'une variété incontestables, a de nouveau droit de cité dans l'habillement public. Subissant de plein fouet, la mondialisation- et l'occidentalisation- vestimentaire, il est tout a fait heureux de constater un tel retour aux sources, les vraies sources, pas celles qui nous viennent d'ailleurs, d'Occident, d'Orient ou de on ne sait quelle autre contrée dans le monde. Seulement voilà que la réapparition tant attendue du Seroual El Loubia n'est pas hélas, celle qu'on attendait, c'est dire dans le sens où ce sont les Algériens eux-mêmes, conscients de leur particularité culturelle et leur identité, qui allaient «rebooster» le pantalon en question. Malheur, encore une fois, à nous, car se sont, comme toujours, les ingénieux occidentaux, lorgnant nos légendaires faiblesses en la matière, qui nous livrent aujourd'hui nos propres Serouels ! Quête du gain oblige, à l'aune d'une mondialisation qui a fait des pays sous-développés un grand dépotoir, l'on n'a pas vu mieux que de reprendre à son compte l'habit maghrébin, après l'avoir «relifté» pour les besoins de la mode et de la…modernité. Débarqué en Algérie le Loubia européen a fait un tabac tel que des stocks entiers furent écoulés en quelques jours. Ainsi donc, dans la rue, nos femmes, qui autrefois abhorraient leur Seroual, trop ringard aujourd'hui, à leurs yeux, s'adonnent à cœur joie en l'arborant au grand jour, se plaisant dans leurs étoffes européanisées !