Le nombre d'Algériens impliqués dans le narcotrafic a enregistré une baisse ces derniers mois, selon un rapport récent de la Gendarmerie nationale sur l'approche géographique et stratégique du narcotrafic en Algérie. Les services de sécurité ont réussi à déjouer 15 tentatives d'introduction de quantités importantes de kif traité à Blida, El Oued, Relizane, Sidi Bel-Abbès, Oran, Tlemcen, Laghouat et Béchar. Ces opérations se sont soldées par la saisie de près de 2 tonnes de kif traité et l'arrestation d'une dizaine de narcotrafiquants, dont des Marocains. L'affaire la plus importante a porté sur le démantèlement d'un réseau de trafic de drogue à Laghouat par les services de la Gendarmerie nationale suite à un accident de la circulation. Les éléments des Groupements des gardes-frontières (GGF) sont sur le qui-vive. Les patrouilles sur les bandes frontalières ont été renforcées, les embuscades aussi, de même pour les unités de la sécurité routière (USR) chargées du contrôle routier. La vigilance est de mise notamment durant le mois sacré qui connaît une hausse de ce genre trafic. La plus grande quantité, soit 1.112 kg de kif traité, a été saisie par les GGF de la wilaya de Tlemcen dans deux opérations distinctes, dont une s'est soldée par l'arrestation d'un narcotrafiquant marocain. Deux autres de la même nationalité ont été interpellés à Béchar. En ce sens, les Marocains sont de plus en plus impliqués dans le trafic de drogue. Leur mission ne se limite plus à l'exportation de la marchandise vers l'Algérie. « La majorité des narcotrafiquants arrêtés sont Marocains. La typologie a changé », a signalé un rapport de la GN, qui a souligné que les réseaux neutralisés depuis le début de l'année sont composés plus de Marocains que d'Algériens. « Les criminels spécialisés dans le trafic n'ont pas changé de stratégie, sauf que les narcotrafiquants algériens ne veulent plus s'y aventurer, notamment avec le renforcement du dispositif sécuritaire et judiciaire et les pertes causées suite aux saisies opérées par les différents services de sécurité et l'arrestation des barons et cerveaux des réseaux », a précisé une étude de la GN qui a également souligné l'implication des Marocains dans le transport et la livraison de la marchandise du Maroc vers l'Algérie via la frontière Ouest. En ce sens, le rapport s'est référé à l'affaire de Aïn Sefra dans la wilaya de Naâma, où les GGF ont interpellé cinq narcotrafiquants marocains. Le recours également à l'infiltration des réseaux criminels a engendré la suspicion entre les narcotrafiquants algériens et marocains. Pourquoi les narcotrafiquants poursuivent-ils leur trafic malgré le renforcement du dispositif de sécurité au niveau des frontières ? Un officier supérieur de la GN proche du dossier affirme que ces narcotrafiquants n'ont pas le choix. « L'Algérie reste la voie la plus sûre, vu l'instabilité qui caractérise la région du Sahel. Les narcotrafiquants ne baisseront jamais les bras et ne reculeront devant rien, ils ont déjà recouru à l'utilisation d'armes de guerre pour sécuriser leur cargaison. Les enquêtes ont également confirmé la connexion entre les groupes terroristes et les réseaux de narcotrafic.Cette forme de criminalité constitue une menace pour l'Algérie. Le narcotrafic est une guerre », a souligné le rapport de la GN. Durant les quatre premiers mois de l'année en cours, plus de 59 tonnes de drogue ont été saisies, soit une hausse de 75% par rapport à la même période de 2013, selon l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie.