Nuits blanches pour les habitants de la Casbah. Les pluies qui se sont abattues dernièrement sur Alger ont fait craindre le pire pour certaines familles de la vieille ville. Yeux rougis, les traits tirés et les nerfs à fleur de peau fatigue, la plupart des gens rencontrés n'ont pas fermé l'œil deux nuits durant. Et pour cause, vers deux heures du matin, munis de balais, de frottoirs, de bidons et de serpillières, ils se sont échinés à évacuer l'eau des maisonnettes inondées. Au 13, rue Rabah Riyah A.M, la quarantaine est assis dehors en face de sa maison. A notre vue, il insiste qu'on photographie les interstices par lesquelles l'eau s'est infiltrée et les flaques d'eau stagnantes, témoins de la vétusté. « Il faut que les autorités soient sensibilisées », dit-il. Dans cette douira, ils sont 8 locataires composés de 36 personnes. «Normalement notre maison doit être un musée puisqu'elle a servi durant la Révolution de refuge aux moudjahidine », observe A.M. Dans le patio, la pièce de G. Chérif a été désertée depuis 1990 car le plancher a cédé laissant entrevoir un trou béant. En dessous, une cave qui servait de cache pour les munitions durant la Révolution. A. M précise que le CTC (contrôle technique de la construction) est passé quatre fois, en plus de la vingtaine de recensements effectuée par l'APC alors que le département de la Culture a décidé de procéder à l'étayage. Mais tout est resté en l'état. L'ancien maire a proposé aux locataires du 13, rue Rabah Ryah de les reloger provisoirement au cinéma Nedjma, mais personne n'a voulu côtoyer «les rats et les grosses araignées». «Nous vivons avec l'épée de Damoclès au-dessus de nos têtes», soupire A.M. Au numéro 14 de la rue Sidi M'Hamed Cherif, les deux familles Fettouh et Ibrir ont vécu le cauchemar. Le regard de la terrasse s'est bouché à cause de mottes de terre tombées du mur, l'eau s'est infiltrée par le plancher et a inondé leur literie durant leur sommeil. Cette maisonnette dans laquelle vivent une trentaine de personnes devait être étayée complètement avant le mois du Ramadhan. Plus bas, c'est la rue Ahmed Laarichi. Au numéro 16, trois familles, dont les Benferhat, partagent ce petit espace. L'étayage est terminé, malheureusement, l'étanchéité fait défaut. Le patio est inondé. La mère des Benferhat a passé une nuit blanche en raclant l'eau vers l'extérieur. Toutes ces familles rencontrées espèrent une attention particulière des autorités. En attendant une solution, à chaque annonce de mauvais temps, l'angoisse et la peur rongent la nuit des habitants des «douirates».