Les habitants occupant de vieilles bâtisses auront encore un hiver à passer sous la menace de leurs maisons qui s'anéantissent. A la Casbah, l'alerte gagne les riverains, les eaux de pluie s'infiltrent par les plafonds et les murs. Tout en déclarant qu'il s'avère impossible de reloger tout ce beau monde, au moins qu'«on nous aide à restaurer nos maisons afin qu'elles ne tombent pas sur nos têtes». Dès l'apparition des premières pluies, une alerte inouïe gagne les habitants du vieux bâti, livrés régulièrement le long des années à des risques d'effondrement des murs de leurs bâtisses gagnées par l'insalubrité et souffrant d'insécurité, réservant appréhension et crainte chez les habitants. Les quartiers la Glacière, Belouizdad et La Casbah souffrent de leurs édifices et leurs habitants crient leur détresse encore une fois afin de signifier aux autorités que leurs âmes sont en danger. Les riverains de la haute Casbah n'ont rien à cacher à cette enseigne. «Nous avons passé la nuit orageuse du samedi à dimanche dans un état d'alerte générale, alors que les pluies diluviennes s'abattaient sur nos maisons. On s'attendait à tout moment à un éventuel effondrement… Nos maisons ne peuvent plus tenir, on demande vivement des solutions car il est vraiment grand temps.» C'est ce que nous ont déclaré quelques habitants que nous avons rencontrés sur place. Que ce soit à la rue Smaïl Amraoui ou bien à la rue Abdelhamid Rouane, ou un peu plus bas, rue d'Alexandrie, les gens relatent leur infortune et leur souffrance au quotidien. Quelques-uns demandent un relogement alors que d'autres réclament des aides financières aux autorités locales afin d'opérer des restaurations. Là, dans cette ambiance morose, les murs s'effritent, alors que d'autres sont complètement fissurés en plusieurs endroits. Les gens ont dressé des barricades le long des rues exiguës afin de soutenir les murs souffrant de vieillesse et par là devenus un danger permanent. Par ailleurs, des toits sont tombés en plusieurs endroits alors qu'ils menacent ruine au niveau de plusieurs bâtisses. La restauration, le gros problème des habitants C'est au milieu d'une activité un peu normale d'un jour de semaine où les grandes pluies ont fait leur retour, que nous avons rencontré quelques habitants de La Casbah qui nous expliqueront que pendant la nuit du samedi «les gens n'ont pas fermé l'œil, et c'est dans la peur qu'il ont attendu l'arrivée du petit matin du fait des averses importantes qui se sont abattues sur la capitale», nous expliqua Djamel Yahiaoui, natif de La Casbah avec ses cinq frères. Cet homme de 56 ans nous apprend qu'avec ses cinq frères il a souffert et souffre toujours de l'exiguïté et du désagrément. Se partageant une petite surface en haut d'un immeuble sis rue Abdelhamid Rouane, les membres de la famille Yahiaoui vivent vraiment dans une détresse quotidienne. Notre interlocuteur, qui nous fera visiter la maison, expliquera que c'est avec ses propres deniers qu'il essaye tant bien que mal de restaurer la maison, et ce, grâce à l'argent gagné par sa femme qui fait des petits boulots à domicile (broderie, crochet…). Alors que lui, en sa qualité d'artiste musicien, arrive difficilement à gagner sa vie, depuis l'interdiction des activités artistiques sur les places publiques. C'est ainsi qu'il arrivera à se marier qu'à l'âge de 55 ans sonnantes, tout en restant cantonné avec ses cinq frères dans un espace qui crie l'exiguïté et l'insécurité. C'est ainsi qu'il sollicitera les autorités locales pour l'octroi d'une aide afin de remettre un peu d'ordre lui permettant de remettre en l'état sa maison. «Certes, les services concernés au niveau de l'APC locale sont venus en 2004 et nous ont inscrits dans le cadre d'un programme d'aide pour la restauration de nos maisons, depuis tout est resté lettre morte», ajoutera notre interlocuteur. Djamel, qui habite rue Smaïl Amraoui, dira, pour sa part, que «l'eau des pluies pénètre dans la maison, les murs s'effritent continuellement, et même les services de la Protection civile que j'ai fait venir ne peuvent rien», avant d'ajouter que «les propriétaires ont bien restauré mais nous les locataires, nous sommes en éternelle attente». Au 21, rue Abdelkader Gaoua, c'est le même leitmotiv. La bâtisse est complètement fissurée depuis le séisme du 21 mai 2003. «Les autorités sont venues recenser les immeubles endommagés, elles sont reparties sans donner de suite», déclare Boualem, qui nous apprend qu'il occupe un petit logis d'une pièce avec huit membres de sa famille. Las de toutes les promesses non tenues, un autre riverain déclarera que certains «veulent faire de La Casbah un fonds de commerce, en nous disant que ça doit rester un patrimoine». Ce patrimoine crie ruine et souffre de son état, ses habitant ne savent plus comment s'y prendre. L'hiver approche à grands pas et le quartier continue toujours à aller vers l'anéantissement et le délabrement.