Trois ans après la chute de Kadhafi, l'Etat libyen qui n'a réussi ni à monter une armée et une police pour asseoir son autorité ni à convaincre les milices qui s'affrontent à s'asseoir à la table des négociations, donne des signes d'un effondrement. Les combats entre les milices islamistes de Misrata et les ex-rebelles de Zintane qui ont fait des dizaines de morts à Tripoli, depuis le 13 juillet, et provoqué la fermeture de l'aéroport international, continuent. A Benghazi aussi. 38 personnes, des soldats pour la plupart, ont été tuées samedi soir par le « Conseil de Choura des révolutionnaires de Benghazi », une alliance de groupes terroristes et de jihadistes qui désire prendre le pouvoir. Conséquence de ces « combats » qui ne cessent de s'étendre et de rendre la situation « extrêmement imprévisible et incertaine », les ambassades étrangères ferment l'une après l'autre. Les Britanniques et les Allemands ont emboîté hier le pas aux Américains qui ont évacué samedi sous escorte aérienne tout leur personnel diplomatique et enjoint leurs ressortissants qui « encourent un danger accru d'enlèvements et d'attentats » à quitter « immédiatement » le pays. Le Caire qui a appris hier la mort de 23 ouvriers égyptiens qui auraient péri par une roquette lancée sur leur lieu foyer samedi à Tripoli, déconseille à ses ressortissants de se rendre chez son voisin de l'ouest. Bien avant tout ce « sauve qui peut », il y a eu le départ des Nations unies, des Turcs et des Algériens qui avaient pris la décision le 16 mai dernier de fermer à titre provisoire l'ambassade et le consulat général à Tripoli en raison d'une « menace réelle et imminente ». Las de voir les appels de la Ligue arabe, de l'Union européenne, des Nations unies à l'ouverture d'un dialogue inclusif, ignoré par les parties en conflit, plusieurs pays (Portugal, Autriche, Italie, Roumanie, Suisse, Pays-Bas, Belgique, Espagne, Malte, Suède, Norvège, Danemark, Finlande, France,...) pourraient retirer leurs représentants de Tripoli. Surtout si le retour des djihadistes libyens de Syrie et d'Irak en Libye pour y créer les premières filiales de « l'Etat islamique » proclamé entre la Syrie et l'Irak venait à se confirmer. Une autre « information » pourrait accélérer les événements : la confirmation du passage sous contrôle des « terroristes » des avions de Libyan Airlines susceptibles d'être utilisés comme des vecteurs explosifs. Comme ceux du 11 septembre 2011. A Washington et Londres, on envisage sérieusement une nouvelle intervention militaire. La Libye est loin d'être apaisée.