« L'avenir du Liban est en jeu », estime Nabil Berry, le président du Parlement libanais, appelant à soutenir « sans hésitation » et par « tous les moyens » l'armée. « Il faut équiper la troupe d'armes sophistiquées et non de fusils ou de jeeps », dit-il redoutant, comme beaucoup de ses concitoyens, une propagation des derniers affrontements meurtriers d'Aarsal, une localité sunnite du nord-est du pays, frontalière avec la Syrie, aux autres régions. « Ce qui se passe à Aarsal est une preuve du danger qui guette le Liban », prévient le Hezbollah. Le bilan est lourd. 16 membres des services de sécurité, dont 2 officiers supérieurs, ont été tués depuis samedi, début des attaques de plusieurs positions de l'armée par des miliciens du groupe terroriste le Front al-Nosra. 33 autres (20 policiers et 13 soldats) sont portés disparus. Ils sont probablement aux mains de ce groupe qui aurait perdu une cinquantaine de ses membres, selon l'armée libanaise, décidée à ne pas laisser le conflit syrien s'étendre au Liban. Tammam Salam, le Premier ministre, qui a convoqué hier un Conseil des ministres extraordinaire pour examiner la « situation dangereuse » créée par les affrontements d'Aarsal et demander à l'Exécutif d'adopter « une position unifiée » pour protéger l'armée, a laissé entendre qu'il est déterminé à anéantir les « insurgés », un « danger que d'aucuns tendent à minimiser », dit-il. « Le retrait du territoire libanais et la libération des membres de l'armée et des forces de sécurité s'ils veulent la vie sauve », dit-il après la trêve décrétée entre l'armée et les Takfiristes, suite à la médiation des comités des ulémas. Certains leaders politiques libanais, dont Samir Geagea, tout en affichant leur soutien total à la grande muette, pressent le gouvernement de demander au Conseil de sécurité d'élargir l'application de la résolution 1701 à tout le territoire libanais. La raison ? C'est le général Jean Kahwagi, le commandant en chef de l'armée qui la donne. « Cette attaque terroriste n'est ni fortuite ni spontanée, mais préméditée et depuis longtemps », dit-il, relevant la rapidité de manœuvre de cette branche d'Al-Qaïda, le réveil de la discorde entre les deux camps adverses qui peut dégénérer en guerre fratricide et nourrir le « discours » « daéchiste » dans le pays du Cèdre et le soutien affiché de la Syrie à l'armée libanaise contre les « extrémistes et les terroristes ».