L'Amérique de Bush à Obama, et plus généralement tout l'Occident, joue à la triste partition du Dr Jekkyl et Mister Hyde qui hante le Moyen-Orient du chaos programmé. Jamais le cas énigmatique de l'EI (Etat islamique) irakien et sa lugubre émanation syrienne n'ont autant reflété le visage hideux du GMO (Grand Moyen-Orient) qui participe à la refondation des accords de Sykes-Picot aux couleurs de l'empire. Au-delà des alibis démocratiques et humanitaires révélés par le grand mensonge d'Etat des ADM irakiennes restées introuvables en 10 ans d'occupation, la fulgurance de l'EI, soutenu en Syrie et bombardé en Irak, prend le relais d'El Qaïda en fin de mission pour mieux servir de catalyseur au « péril djihadiste » écumant l'Irak éclaté. Née en 2004, sur les cendres de l'invasion américaine, le nouveau Frankstein des laboratoires des ténèbres s'est révélé, notamment depuis le retrait américain, une machine à tuer coupable de génocide fondamentalement ignoré en Syrie et d'une explosion de violence rarement vécue dans la région (34 en 2011, 603 attaques 2012 et 419 en 2013). Qui arme et qui finance cette nébuleuse surarmée, inconnue au bataillon à sa naissance ? Les sources tirées du braquage de la succursale de la banque centrale de Mossoul, la prise des raffineries de Tikrit et de Baiji permettant le commerce illicite du pétrole (12 dollars le baril) et le recel des antiquités ne peuvent pas tout expliquer. Mais la cause est entendue pour la parfaite réplique d'El Qaïda qui compose le « risque de génocide », vécu par les 200.000 Yazidis et 100.000 chrétiens et brandi par Obama pour légitimer le retour à l'interventionnisme américain. Dans cette « crise humanitaire qui prend aux tripes », l'Amérique d'Obama se pare de la noble mission de la protection des minorités totalement ignorées en 29 jours de bombardement à Ghaza pleurant ses 2.000 morts. Quelques heures avant les frappes ciblées de Washington, le Conseil de sécurité, porté aux abonnés absents et incapable de la moindre riposte au génocide de Ghaza, s'est fendu en session d'urgence convoquée à la demande de la France, d'une condamnation des persécutions commises contre les minorités irakiennes assimilées à des « crimes contre l'humanité ». La vision discriminatoire de « deux poids, deux mesures » s'impose en ligne de conduite jamais démentie. Et pourtant, les prédictions d'un élu de l'Illinois a valeur d'exemple. Dès octobre 2002, il a averti sur les conséquences de l'invasion irakienne qui ne ferait qu'« attiser les flammes au Proche-Orient, encourager dans le monde arabe les pires impulsions et renforcer le bras recruteur d'El Qaïda ». Sombres perspectives dont voulait justement se prémunir Obama embarqué dans des guerres qu'il rêvait de terminer et victime des promesses de paix écrasées par les bombes israéliennes pleuvant sur les populations civiles palestiniennes sans protection.