Riek Machar, l'ex-président et chef des rebelles sud-soudanais, qui n'arrive pas à s'entendre avec le président Salva Kiir, son rival, sur la formation d'un gouvernement provisoire d'unité nationale, malgré les menaces de sanctions « ciblées » des Nations unies, se rapproche de son ex-frère ennemi, Omar el-Béchir, le président soudanais. Curieusement, même s'il inscrit son déplacement à Khartoum dans la continuité des visites qu'il a faites en mai dernier à Djibouti et au Kenya, deux pays membres de l'Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement), il s'y rend à la date de l'expiration de l'échéance qu'il s'était fixée avec Kiir pour le partage du pouvoir à Juba. Une première depuis le début de leur conflit, il y a huit mois, marqué par des atrocités ethniques et des massacres de dizaines de milliers de personnes et la chasse de chez eux de plus de 1,5 million de personnes. « Nous avons une longue histoire commune », dit-il à l'issue d'une discussion avec le président soudanais sur les négociations de paix conduites à Addis-Abeba en Ethiopie, sous l'égide de l'Igad. Reprises lundi dernier, ces négociations n'arrivent pas trouver une issue politique à ce conflit. « Il y a différents problèmes », reconnaît celui qui avait, durant la guerre civile soudanaise (1983-2005) qui a abouti il y a trois ans à l'indépendance du Soudan du Sud, combattu tour à tour aux côtés des rebelles et des forces gouvernementales. « Nous voulons résoudre les différends qui ont mené au conflit et après cela nous voulons avoir un gouvernement de transition qui permettra de rédiger une Constitution transitoire », dit-il estimant que Béchir « pourrait nous aider car il a l'expérience d'avoir été Président du Soudan » avant sa partition. El-Béchir appelle les Sud-Soudanais qui ont renoué avec la violence « à s'engager dans le dialogue » s'ils veulent mettre fin à leur conflit. Le Soudan du Nord répète à l'envi qu'elle n'a aucun intérêt « à voir le conflit se poursuivre ou à soutenir l'un ou l'autre » des deux camps chez son voisin du Sud. Selon Magdi El-Gizouli, de l'institut de recherches Rift Valley Institute, Machar, qui a conclu hier sa visite à Khartoum en rencontrant le vice-président Bakri Hassan Saleh et plusieurs chefs de partis politiques, cherche à faire pression sur Kiir. « Khartoum est en position de faire cela », dit-il.