Au 5, rue Abderrahmane-Douadi, Lakhdar Aït-Ihadaden ne comprend pas pourquoi sa famille n'a pas bénéficié d'un logement alors que l'immeuble où elle habite est depuis trois jours classé rouge aussi bien par le CTC que par la police de l'urbanisme (PUPE). Les escaliers sont renus par des madriers après le séisme de 1980. Chaque secousse dégrade un peu plus l'immeuble. Maintenant, c'est le rouge qui est apposé sur toute la rue des Frères-Ouslimani. Cela sous-entend que le danger est permanent. Le rez-de-chaussé, qui a servi de cantine aux policiers du commissariat de la rue de la Lyre, a été fermé depuis une année par mesure de sécurité à cause du plafond qui risquait de s'effondrer à tout moment. La pièce de l'appartement situé au premier étage que Lakhdar partage avec ses sept enfants est dans un état lamentable. D'ailleurs, le plancher s'est incliné. Les escaliers et la rampe ainsi que la cage d'escalier sont dans un piteux état. La terrasse est fermée à cause du délabrement avancé de cet immeuble datant de l'époque coloniale. La sœur de Lakhdar, quant à elle, occupe la deuxième pièce du même logement avec ses 4 enfants. 16 personnes vivent dans quelques mètres carrés sous la menace de voir l'immeuble s'effondrer à n'importe quel moment. Lakhdar et sa sœur ne comprennent pas pourquoi ils n'ont pas bénéficié d'un logement au même titre que les autres alors qu'ils sont locataires depuis 35 ans. Au 7 bis rue des Frères- Ouslimani (ex-rue du Lézard), c'est presque le même scénario que vivent les familles exclues du relogement. Seulement 13 familles sur les 18 qui habitent dans cet immeuble menaçant ruine ont été relogées. Pourtant les familles oubliées sont les plus anciennes sur ce site, documents à l'appui, dont l'une d'elles y habite depuis un demi-siècle. C'est le cas de Hakim Amari qui a déposé plusieurs dossiers de logement social à l'APC de La Casbah, exhibant de ce fait plusieurs récépissés datant de plus de quinze ans. Sa mère, une ancienne moudjahida, est dans la même situation. Il ne comprend pas pourquoi ceux qui ont construit sur la terrasse n'ayant aucun acte ou document officiel ont été relogés alors que sa famille et lui sont exclus injustement de l'opération. Les logements vidés ont été squattés, immédiatement, par des toxicomanes et des dealers. Une fois les 13 familles relogées, les délinquants ont forcé les portes et s'y sont installés, narguant les familles restantes. Une plainte a été déposée au commissariat de la place des Martyrs, mais aucune suite n'a été donnée à leurs doléances. Ces cinq familles sont dans l'expectative. Ni les services de la mairie ni ceux de la daïra et encore moins ceux de la wilaya n'ont été capables de donner une réponse définitive à leur question, à savoir partir ou rester. Le P/APC de La Casbah, Rachid Ibadioune, nous a indiqué « qu'au lendemain de la secousse tellurique qui s'est produite le 1er août, huit brigades relevant des services techniques ont sillonné La Casbah où elles ont recensé 104 bâtisses menaçant ruine ». « Les dossiers des citoyens concernés par l'habitat précaire sont sur mon bureau », a-t-il affirmé tout en précisant « qu'il est impossible de reloger tout le monde en même temps ». « Néanmoins, toutes les habitations siglées rouge seront prises en charge et leurs occupants relogés au fur et à mesure dans le calme et la sérénité », a-t-il ajouté. S'agissant du cas précis des habitants de la rue des Frères-Ouslimani, « les cinq familles qui attendent leur relogement peuvent toujours faire un recours puisqu'une commission a été installée au sein de l'APC à cet effet », expliquera-t-il. Quant aux indus occupants, cela ne relève pas des prérogatives de l'APC. « C'est à l'Office de la réhabilitation de La Casbah relevant du secteur de la culture de prendre en charge les habitations vidées pour être réhabilitées ou démolies », nous dira-t-il.