La prise de l'aéroport de Tabka, qui constitue le bastion ultime du régime de Bachar Al Assad, contraste avec les revers subis en Irak où les Peshmergas, soutenus par l'aviation américaine menant 90 frappes aériennes et l'armée irakienne, partent à la reconquête du terrain perdu dont Mossoul, considéré comme un pôle énergétique et hydrique le plus important d'Irak, a posé les premiers jalons de l'éradication du fléau terroriste mis au ban de la communauté internationale et accusé par le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, de mener un « nettoyage ethnique et religieux ». Le chemin est encore long sur la voie de la résurrection de l'Irak uni et débarrassé de la greffe anachronique d'un Etat décadent et moyenâgeux. Mais les signes de la victoire quasi certaine se dessinent dans un combat qui renoue avec les traditions unitaires de l'Irak et une mobilisation internationale sans faille. L'avancée des Peshmergas a consacré la mainmise sur les 3 villages de la région stratégique de Jalawla, dans la province de Diyala (est), considérée comme « la porte d'entrée de Baghdad » et l'une des routes principales utilisées pour transporter les combattants islamistes, matériel et vivres. L'étau se resserre sur « l'Etat terroriste » lancé, en représailles, dans la guerre confessionnelle. Deux attentats-suicide ont été commis en l'espace de trois jours contre des mosquées sunnites à l'est et au nord-est de la capitale. La cause de l'EI est parfaitement entendue, comme l'exprime clairement le virage pris par les Etats-Unis, engagés dans la bataille du Nord irakien et prêts à mener des frappes aériennes contre l'EI en Syrie, suivi à la trace par des pays du Golfe. A Djedda, les 5 pays arabes qui ont tenu une rencontre ministérielle, dont les résultats seront soumis à la Ligue arabe, ont tiré les leçons d'une expérience tragique. Dans un communiqué, ils ont relevé « une convergence de vues sur la nécessité d'agir sérieusement (...) pour préserver la sécurité et la stabilité des Etats arabes ». Le Qatar, qui « ne soutient pas des groupes extrémistes, dont fait partie l'Etat islamique, d'une quelconque manière », comme l'a affirmé le chef de la diplomatie Khaled Ben Mohammed Al-Attiyah, se démarque nettement de la nébuleuse et enfonce le clou. L'unanimité se forge sur les vérités syriennes jusque-là superbement ignorées : la nature terroriste de l'EI et du Front Nosra. L'équation est donc toute simple : la défaite totale de l'EI en Irak passe par Damas, prêt à une coopération dans la lutte contre le terrorisme clairement défini. Toutefois, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a tracé la ligne rouge. Toute frappe américaine éventuelle contre l'EI sur le territoire syrien doit se faire, respect de la souveraineté oblige, en coordination avec Damas, a-t-il précisé lors d'une conférence de presse. La riposte régionale et internationale, légitimée par la résolution 2170 du Conseil de sécurité visant à empêcher le financement et le recrutement des combattants islamistes, est en marche en prélude de l'assaut final.