La mort d'Albert Ebossé continue d'alimenter les discussions. L'indignation laisse progressivement place à des questionnements sur les facteurs qui alimentent la violence aussi bien dans les stades mais aussi au-delà, dans la société. Les marques de solidarité et de compassion exprimées marquent un désaveu total de la violence sur les terrains de football où doivent régner le fair-play, la discipline et les exemples de bon comportement, parce que populaires. Le sentiment de réprobation est unanime. L'émoi suscité par le crime de Tizi va au-delà de nos frontières. « Intolérable qu'un spectateur provoque la mort d'un joueur. Stop à la violence ! Mes pensées émues aux proches d'Albert Ebossé », a écrit, hier, sur son compte twitter, le président de la Fédération internationale de football (FIFA), Jospeh Blatter. Les conséquences de la fin tragique du meilleur buteur du championnat d'Algérie la saison dernière (17 buts) sont énormes. Elle a d'abord terni la belle prestation de l'équipe nationale au Mondial brésilien. Et rappelé l'état médiocre du football national dont le faible niveau du championnat n'est que la face visible de l'iceberg. Ce qui s'est passé au stade 1er-Novembre a ramené à la triste réalité la situation du sport roi dans notre pays. A présent, l'interrogation porte sur la nature des mesures que les gestionnaires du foot national auront à prendre pour endiguer le phénomène des comportements violents. Et comment sécuriser les enceintes sportives des agissements malveillants du hooliganisme. La Ligue de football professionnel, réunie hier en session extraordinaire, a décidé de suspendre « jusqu'à nouvel ordre » toutes les rencontres amicales et officielles. La veille, la Fédération nationale a décidé d'annuler tous les matchs des championnats d'Algérie de football professionnel et amateur, prévus les vendredi et samedi prochains. La FAF a laissé entendre qu'elle étudierait « d'autres mesures plus coercitives qui peuvent entraîner l'exclusion du club fautif de toute compétition ». Le ministère des Sports s'est engagé, de son côté, « plus que jamais à faire face fermement aux multiples dérapages constatés lors des compétitions sportives qui portent atteinte notamment au football national », selon son premier responsable, Mohamed Fahmi. Alors que le ministre de la Communication, Hamid Grine, a préconisé d'agir en amont, déjà au niveau de la presse sportive notamment, appelée à jouer un rôle dans la lutte contre la violence et dans la promotion de l'esprit sportif. Idem pour Mohamed Raouraoua qui a appelé les organes d'information de s'employer à « dédramatiser » les matchs de foot. Sous d'autres cieux où les débordements ne sont pas nouveaux, l'installation des caméras de surveillance a fait ses preuves. De par leur caractère dissuasif, ces appareils limitent la capacité de nuisance des fauteurs de troubles. Et en identifient les auteurs après coup, en cas de survenance. L'interdiction d'accès au stade pour certains supporters indélicats n'est pas, non plus, à inventer. Le déluge de projectiles qui se sont abattus sur la pelouse du 1er-Novembre pose la question de l'efficacité du contrôle et de la fouille des spectateurs à l'entrée des enceintes sportives. L'on s'interroge, devant la répétition des actes de violence, comment ce type de mesures de prévention n'ont pas été prises. Alors que l'incivisme, les dépassements et les agressions sont monnaie courante.