Qui est responsable de l'hécatombe routière ? Le durcissement du code de la route a-t-il réellement influé sur le nombre des victimes ? Certainement pas. Pour les législateurs, l'essentiel a été fait. Mais les hommes du terrain sont convaincus que tout est à revoir pour venir à bout de ces accidents qui font chaque année plus de 4.000 morts et des milliers de blessés, dont certains sont handicapés à vie. L'Algérie occupe actuellement la troisième place dans ce sinistre palmarès. Hier, le président de l'association Tarik Es-Salama, Mohamed Lazouni, et le président de la Fédération nationale des auto-écoles, Ahmed Zinedine Aoudia, ont tiré la sonnette d'alarme. Cependant, si pour Aoudia, le terrorisme routier est la résultante de plusieurs facteurs, notamment l'état des routes et la qualité de la pièce de rechange, pour Lazouni, la situation est due à certains conducteurs victimes de leur ignorance. Il ne cesse de répéter que la sécurité routière nécessite des efforts permanents et ne doit en aucun cas être un travail occasionnel. Pour cet expert de la route, l'auto-école forme le candidat mais ne l'éduque pas. Car cette mission incombe, selon lui, à l'école, censée apprendre à l'enfant, dès les premières années d'apprentissage, le code de la route. « Un enseignement connu dans le monde arabe et musulman, puisque les principes de l'Islam insistent sur la nécessité de donner à la route ce qu'elle est en droit d'attendre de ses usagers », rappelle Lazouni. De ce fait, il regrette la non-promulgation des textes d'application pour l'entrée en vigueur de l'article 21 de la loi 87-09 qui stipule l'introduction de l'éducation routière dans les programmes d'enseignement. « D'autant plus que cet enseignement a porté ces fruits dans les pays où il a été appliqué, notamment en Europe », affirme Lazouni. Autre point soulevé par cet expert : la révision du système d'attribution du permis de conduire pour les poids lourds et le transport en commun. « Il y a des défaillances en matière de formation. Il n'y a pas d'auto-écoles qui disposent de camions ou de remorques. Il faudrait réfléchir à professionnaliser le conducteur des poids lourds et revenir à l'ère des convoyeurs. Une démarche qui devrait être prise en charge par l'Etat », propose-t-il. Même problème relevé pour les transports en commun. Lazouni a, à maintes reprises, proposé aux pouvoirs publics la mise en place d'une école de formation professionnelle du groupe lourd, en mesure de dispenser une bonne formation. Il rappelle que le brevet professionnel introduit dans la nouvelle loi n'est pas nouveau puisqu'il existe depuis 2001. Pour le président de la Fédération nationale des auto-écoles, il y a énormément de choses à changer dans le système de formation et d'information. « Il faut donner aux auto-écoles les moyens pédagogiques nécessaires », estime-t-il. Il plaide pour la création d'une commission technique nationale regroupant tous les intervenants dans ce secteur (pouvoirs publics, auto-écoles, examinateurs, police, gendarmerie, travaux publics...). Le projet existe depuis 2011 mais l'instance n'a jamais vu le jour.