« Il s'agit de dénis qui sont imprescriptibles. Rien ne nous empêche aujourd'hui d'archiver les dossiers concernant ces agressions en vue de pouvoir réclamer un jour la poursuite des criminels sionistes », explique-t-il. Selon lui, il existe deux modes de poursuites judiciaires par le biais de la Commission des droits de l'Homme de Genève, habilitée à s'occuper de ce genre de plaintes. Et même si ses recommandations ne sont pas astreignantes pour les pays, sur le plan moral, elles ont une grande importance. « Si l'on arrive à faire condamner Israël par la Commission des droits de l'Homme de Genève, c'est déjà une grande avancée », a estimé le Pr Khiati. Ce sera une première étape dans la poursuite d'Israël. A cela s'ajoutent les quatre conventions de Genève et les deux protocoles prévoyant des dispositions dans ce sens, signale le président de la Forem, convaincu que ce qui se passe aujourd'hui à Ghaza peut être présenté comme un crime contre l'humanité ou comme crime de guerre. Mais il préconise, d'abord, de commencer à archiver pour avoir des dossiers bien documentés. Il faut attaquer Israël sur les plans politique et juridique, recommande-t-il. Toutefois, l'avocat Mustapha Bouchachi a fait remarquer que les dispositions légales relevant du droit international n'offrent aucun droit aux victimes de ce genre de massacre de poursuivre les criminels devant la Cour pénale internationale. En outre, cette dernière n'est pas forcée de diligenter des enquêtes dans ce sens. « Les règles du droit international sont antidémocratiques puisque ceux qui ont le droit de veto ont toujours gain de cause et peuvent bloquer toute démarche visant à faire soumettre Israël à la loi », affirme-t-il. En guise de parade, il propose de protéger au mieux la mémoire collective pour que l'ennemi sioniste soit toujours honni par l'opinion publique. L'avocat Fawzi Oussedik a rappelé que les législations internationales sont dominées par la logique de la force et des armes. Que faire dans ce cas ? « Conserver les documents afférents aux crimes pour pouvoir les exploiter à l'avenir et poursuivre les criminels de guerre », conseille-t-il. 30 à 40 orphelins palestiniens adoptés par des familles algériennes Côté solidarité, le Pr Khiati a rappelé que l'Algérie a les moyens de prendre en charge les orphelins palestiniens et les victimes blessées ou traumatisées. Pour ce faire, la Forem demande au ministère des Affaires étrangères de demander aux autorités égyptiennes d'ouvrir les passages de Rafah pour permettre aux médecins algériens d'accéder à Ghaza. Il a rappelé, à cet effet, que l'année dernière, la Forem a conclu un accord avec l'ambassade de Palestine concernant l'adoption d'enfants palestiniens orphelins. Une somme de 1.000 dollars a été fixée pour la prise en charge d'un enfant. Des chefs d'entreprise ont émis le vœu d'en adopter. La partie palestinienne a approuvé l'accord. Actuellement, la Forem prend en charge 8.000 orphelins. Parmi eux, entre 30 à 40 enfants palestiniens ont été adoptés par des familles algériennes. Mustapha Khiati a fourni des données chiffrées concernant le bilan du blocus imposé depuis 2006, les guerres de 2008, 2012 et les 50 jours de bombardement de 2014. En tout, 2.230 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, dont 578 enfants, 261 femmes et 102 personnes âgées. Plus de 11.100 blessés, pour certains handicapés à vie dont au moins 3.106 enfants dont 1.000 devront avoir une incapacité permanente. Selon l'ONU, 373.000 enfants devront être suivis psychologiquement après cette guerre. L'organisation a recensé aussi 1.500 orphelins. Au plan économique, au moins 475.000 personnes ont été déplacées dont 290.00 hébergées dans des écoles de l'ONU. L'attaque « Bordure protectrice » a endommagé 793 bâtiments et 231 écoles. 475.000 écoliers vont être privés d'enseignement. Plus de 30 grandes usines des produits alimentaires et productives ont été détruites ; elles fournissaient 70% des rentrées d'argent à la population de la bande de gaza et employaient 130.000 personnes qui se retrouvent aujourd'hui au chômage. 90% des infrastructures du secteur de la pêche ont été touchés. 17.000 ha de terres agricoles ont été endommagées par les bombardements alors que 19.000 Palestiniens vivent de l'agriculture, tandis que 6.000 autres vivent de l'élevage et 4.000 de la pêche.