Le président du Conseil national interprofessionnel de la filière pomme de terre (CNIFPT), Seraoui Bachir, et le président de la Commission nationale des représentants des mandataires en fruits et légumes, Mohamed Medjber, ont jugé, hier, qu'il est temps de fixer et de stabiliser le prix de ce produit, dont l'Algérie est le deuxième producteur à l'échelle africaine après l'Afrique du Sud. « La baisse, cette année, de production a influé négativement sur les prix, contrairement à l'année dernière où elle a atteint 42 millions de tonnes », a indiqué Seraoui lors d'une conférence débat sur la filière de pomme de terre. Selon l'intervenant, cette baisse n'est pas aussi alarmante, mais il est impératif, selon lui, de donner une autre dimension à la filière, à commencer par la mise à niveau des exploitations agricoles, l'encouragement des investissements et l'amélioration des conditions de stockage dans des chambres froides appropriées, d'autant plus que la pomme de terre produite en Algérie est de très bonne qualité et compte 25 à 30 variétés. Pour le président du CNIPFT, les défaillances sont multiples mais elles peuvent être corrigées. « Il n'y a pas de normes pour stabiliser les prix. C'est l'anarchie au sein du marché actuellement », regrette Seraoui, insistant sur la nécessité de protéger la production. « Les chambres froides sont, certes, une alternative en période de pénurie, mais il faut savoir les gérer pour éviter d'éventuels gaspillages de ce produit. Car 40% de la quantité de pomme de terre stockée dans les frigos germe et devient de ce fait impropre à la consommation », a-t-il soutenu. Il propose, à cet effet, un stockage dynamique, dès lors que les agriculteurs sèment et récoltent la pomme de terre dix mois sur douze, sauf en octobre et en novembre, appelés communément période de soudure. Selon ce spécialiste, 30% de la production nationale devrait être destinée au stockage, qui ne devrait en aucun dépasser une durée de 10 à 15 jours. Avis partagé par le représentant des mandataires. Pour Mohamed Medjber, il faut organiser l'entreposage pour parer à l'anarchie générée par les 43 marchés de gros. « Nous enregistrons souvent une surproduction, autant la conserver dans des chambres froides et stabiliser les prix au moment de la commercialisation », a-t-il suggéré, en s'interrogeant sur la destination d'une bonne partie de la production nationale. Pour le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hadj-Tahar Boulenouar, toutes les filières ont besoin d'un plan de production. « La stabilité des prix est tributaire de l'équilibre en matière d'approvisionnement », estime-t-il. Il propose, à cet effet, une coordination entre le département de l'Agriculture et celui du Commerce et l'amélioration des conditions de conservation. Selon les dernières estimations, les ménages algériens consomment 100.000 tonnes de pomme de terre en dix jours. Safia D. L'UGCAA et l'abrogation de l'article 87 bis : L'augmentation des salaires ne signifie nullement l'amélioration du pouvoir d'achat Le porte-parole de l'UGCAA, Hadj-Tahar Boulenouar, a affirmé, hier, à l'ouverture de la conférence débat sur la filière de la pomme de terre que les commerçants affiliés à l'Union ne se sont jamais apposés à l'abrogation de l'article 87 bis. « Nos propos ont été mal interprétés. L'UGCAA ne s'est jamais opposée à cette démarche. Au contraire, nous saluons cette décision », a-t-il affirmé, signalant avoir émis le vœu de voir le pouvoir d'achat des Algériens s'améliorer à la mesure des importantes décisions prises par les pouvoirs publics. « A quoi servira l'augmentation des salaires si le pouvoir d'achat des citoyens reste laminé par la hausse vertigineuse des prix des produits de consommation ? », s'interroge-t-il. Il affirmera que l'expérience des années précédentes a prouvé, à maintes reprises, que l'augmentation des salaires n'induit pas forcément l'amélioration du pouvoir d'achat. Il a, de ce fait, rappelé que l'augmentation des salaires devrait être liée au taux de croissance, au développement de la production et à la création de postes d'emploi. Selon Boulenouar, l'abrogation de cet article et l'augmentation des salaires mettront certains chefs d'entreprises publiques et privées dans une situation embarrassante. Dans certains cas, ils seront contraints de recourir aux compressions du personnel pour faire face à l'augmentation de la masse salariale.