La régulation du marché des fruits et légumes ne sera efficace qu'à travers l'élaboration d'un plan de culture et l'implication de tous les intervenants, notamment les agriculteurs et les mandataires, pour élaborer un dispositif de régulation. Selon Mohamed Medjber, président de la fédération des mandataires affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), la filière agricole est caractérisée par la fragilité de la production, d'où l'importance d'instaurer une bonne organisation pour éviter la hausse des prix en période d'insuffisance de production. Sollicité pour exprimer son avis au sujet de l'annonce de la prochaine création d'un office interprofessionnel des légumes, il a souhaité que l'avis des professionnels soit pris en considération pour garantir la réussite de ce nouvel organisme. Comme expliqué jeudi par Rachid Benaissa, ministre de l'Agriculture, en marge des travaux de l'Assemblée populaire nationale (APN), le rôle de cet office est de «participer au renforcement des systèmes de régulation du marché local, à l'instar de l'Office interprofessionnel du lait (Onil) et de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic)». Il sera chargé, à l'instar du système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac), de l'absorption du surplus de la production, en vue d'intervenir en période de soudure avec comme double objectif la protection des revenus des agriculteurs et la mise de quantités stockées sur le marché à des moments étudiés afin de préserver le pouvoir d'achat des consommateurs. Le dispositif a permis de redynamiser l'industrie du froid dont le secteur agricole a pu récupérer environ 400 000 m3 inexploités jusque-là. Cependant, ce sont des aires de stockage qu'il faudra garantir pour les prochains mois puisqu'en l'état actuel, il est difficile de mobiliser les chambres froides pour stocker les importantes quantités produites en pomme de terre. En cette période estivale, il faudra préparer les aires de stockage car dans quelque temps, il y aura la récolte des pommes et des poires. Le stockage doit être assuré par un personnel qualifié, a-t-il recommandé, citant l'expérience de l'exercice 2008 où «30% de la pomme de terre stockée a été perdu à cause d'un mauvais stockage». L'abondance de la production permettra de proposer des prix abordables, a-t-il remarqué, réfutant le sobriquet de «spéculateurs» dont on charge les mandataires. L'augmentation des prix est favorisée par la baisse de l'offre, a-t-il expliqué, bonnement. Pour les deux prochains mois, Mohamed Medjber s'attend à une abondance de l'offre. Les légumes proposés actuellement représentent la récolte sous serre, ce qui signifie qu'à partir du mois de juillet, «nous aurons la production saisonnière».