Les travaux d'embellissement de la ville de Constantine concernent la réfection des façades des immeubles et des magasins, des trottoirs et des routes, inscrits dans le cadre de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe 2015 ». Un projet énorme engagé par l'Etat et visant à revaloriser le centre-ville, mais qui, en même temps, gêne considérablement les citoyens dans leur quotidien. Dans ce sillage, ils s'interrogent sur ce déploiement quasi simultané des entreprises engagées dans cette opération, qui ont toutes ou presque installé leurs matériels dès la fin du mois de Ramadhan. Notons que les grandes manœuvres touchent particulièrement les rues Abane-Ramdane, Belouizdad, Aouati-Mustpha et Larbi-Ben-M'hidi. En à peine dix jours, le carrelage des trottoirs du centre-ville a été ôté, et cela fait maintenant un mois et demi que les habitants attendent le dallage. Les résidants et les commerçants des rues Larbi-Ben-M'hidi (ex-rue Nationale) et 19-Juin-1965 (ex-rue de France) sont les plus exposés à ces désagréments. « Ils sont venus début juillet et ont décapé la chaussée et les trottoirs. Les entrepreneurs avaient promis que les travaux cesseront avant le mois de septembre. Mais le mois touche à sa fin et seulement une couche de bitume a été faite, en attendant le pavé et le carrelage. Ces travaux semblent s'éterniser, la poussière nous empoisonne la vie. Franchement, je n'ai pas l'impression que les ouvriers soient vraiment motivés pour achever ce chantier », peste ce bijoutier de la rue du 19-Juin. En voulant rattraper le retard constaté dans le programme d'embellissement de la ville, la wilaya s'est apparemment empressée de désigner des dizaines d'entreprises. Si certaines arrivent plus ou moins à s'en sortir, d'autres, par contre, semblent complètement dépassées. Ainsi, à la cité Kadour-Boumedous, communément appelée « Ciloc », l'entreprise chargée de réhabiliter les façades des cinq immeubles de 12 étages chacun est en difficulté comme l'explique une architecte chargée du suivi des travaux. « J'ai trouvé trois ouvriers encadrés par leur patron. Ils ne disposent ni d'échafaudage ni de matériel nécessaire. Ils étaient là à peindre le rez-de-chaussée d'un des immeubles à l'aide d'une peinture bon marché, alors que ce genre d'opération nécessite d'abord le nettoiement total de la façade, puis la pose de plusieurs couches de peinture spéciale. L'entrepreneur ignorait tout cela. Je ne veux surtout pas nuire à l'image des personnes engagées dans les différents chantiers, mais en tant qu'architecte, je ne peux admettre de telles erreurs », déplore-t-elle. Le ras-le-bol Dans de telles conditions, les habitants commencent déjà à manifester leur réticence à l'égard de certains chantiers. Et pour cause, personne parmi les autorités ni même les entreprises chargées des travaux ne leur a annoncé les travaux. « Un matin, nous avons vu débarquer des ouvriers et des camions. Ils ont déchargé leur matériel et commencé à monter un énorme échafaudage et son filet de protection. Personne ne nous a expliqué quoi que ce soit, on ne sait même pas à quoi ressemblera notre façade une fois les travaux terminés. Depuis maintenant un mois qu'ils sont là, le filet de protection nous gêne considérablement, certains voisins sont même partis chez des proches », regrette un habitant de l'avenue Belouizdad. Il y a quelques semaines, une manœuvre a fait scandale lorsqu'une entreprise a arraché, à l'aide de marteau-piqueur, des escaliers (reliant la rue Didouche-Mourad à El Coudiat) taillés en pierre bleue datant de plus d'un siècle. L'intervention énergique des citoyens et des habitants du quartier a heureusement stoppé ce « massacre ». L'entrepreneur en question qui, dit-on, n'a fait que respecter le cahier des charges établi par la direction de l'urbanisme, était même disposé à faire la même chose à d'autres escaliers mythiques construits à l'aide de cette pierre bleue, aujourd'hui introuvable. Les escaliers sont restés depuis fermés aux piétons. En attendant, les autorités promettent que le plus gros sera terminé avant le premier semestre de 2015 pour permettre le lancement de la manifestation « Constantine capitale de la culture arabe 2015 » officiellement prévue pour le 16 avril de la même année.