Le double rendez-vous des législatives (26 octobre) et de la présidentielle (26 novembre) consacre la refondation de la nouvelle Tunisie dotée, au sortir d'une période d'errements dommageables pour une si jeune expérience, d'institutions solides et consensuelles. A deux semaines de la clôture des listes définitives des deux scrutins, l'emballement de la machine électorale présente les formes d'alternance et des visions défendues par des figures emblématiques du paysage politique tunisien. La compétition s'annonce acharnée notamment entre l'ex-Premier ministre Béji Caïd Essebsi, présidant les destinées de Nidaa Tounes, lançant un pavé dans la mare à propos des menaces d'attentat vite démenties par la Présidence, et ses rivaux de la coalition au pouvoir présents au starting-block. Il s'agit du président de la constituante et secrétaire général du parti Ettakatol, annonçant sa candidature le 18 septembre, et du président de la République en exercice, Moncef Marzouki, entré officiellement hier en course. Un grand absent : le parti majoritaire Ennahda préférant adopter un recul tactique. Il ne sera pas de cette bataille en optant pour un soutien pour un « candidat consensuel ». C'est donc hier que Marzouki s'est rendu au siège de l'instance organisant les élections pour valider sa candidature porteuse d'un « projet d'indépendance nationale et de défense des droits des Tunisiens ». Sous le slogan « La victoire, rien que la victoire », la campagne électorale qui sera conduite par le porte-parole de Marzouki, Aden Manser, est financée par la vente de son livre dédié à la réussite du « printemps arabe » en Tunisie néanmoins confronté à la montée de la menace terroriste sur son sol et au défi sécuritaire dans la région. Elu par les députés de la constituante, en 2011, sur la base d'un accord de la coalition, regroupant son parti, le CPR, Ennahda et Ettakatol, le président sortant, accusé par ses détracteurs de privilégier ses ambitions présidentielles, a fait feu de tout bois contre les dérives affairistes. « Ma candidature est un exemple de transparence. Je crains l'argent sale et il faut lutter contre ce fléau. On ne permettra pas la corruption dans (cette) première expérience démocratique », a-t-il déclaré. Dans cet îlot de stabilité, aux antipodes du « printemps arabe », les défis restent importants pour vaincre le péril terroriste et répondre aux grandes attentes jusqu- là déçues par la persistance du chômage endémique et de la pauvreté.