Le président américain, qui veut vaincre l'Etat islamique sans combattre, est sûr de sa stratégie finement élaborée, faut-il l'avouer : le ciel pour les Américains et l'enfer terrestre pour les troupes des alliés de la coalition, particulièrement irakiens. Dans cet échange inégal des rôles, Washington a décrété le refus de s'engager « dans une nouvelle guerre au sol en Irak » qui a inspiré le président iranien Rohani ironisant sur le combat contre le terrorisme « sans épreuve, sans sacrifice ». Depuis le commandement militaire chargé du Moyen-Orient et de l'Asie centrale (Centcom), à Tampa, en Floride, le démenti cinglant d'Obama, opposé au plus haut gradé, le général Martin Dempsey, qui a suggéré que des conseillers militaires pourraient être envoyés au combat, confirme le choix du redéploiement des forces américaines sans « mission de combat ». En rencontrant le chef du Centcom, le général Lloyd Austin, il a doctement précisé que « nous utiliserons notre puissance aérienne », en se contentant d'entraîner et d'équiper les partenaires de la coalition internationale. Dès lors, tout en s'appliquant à consolider le consensus interne, la Maison-Blanche s'appuie sur le feu vert du Sénat et de la chambre des représentants pour autoriser le passage à l'exécution du plan présentée par Obama, il y a tout juste une semaine. Outre les frappes visant les positions de l'EI en Irak, voire les « sanctuaires en Syrie », « ses centres de commandement, ses capacités logistiques et ses infrastructures », la priorité est accordée au soutien et à la formation des rebelles syriens « modérés » dont les troupes seront accueillies, selon Obama, par l'Arabie saoudite. A la pointe de la coalition internationale, Paris mobilise ses avion Rafale initiant jusque-là quatre opérations de reconnaissance et conduisant ses premières frappes aériennes visant un « dépôt logistique » de l'EI totalement détruit. L'Australie, déployant 600 militaires aux Emirats arabes unis dont 400 personnels de l'armée de l'air, s'engage à garantir la livraison de matériel militaire, d'armes et de munitions. Des munitions tchèques ont été livrées par Prague annonçant la veille qu'une trentaine de pilotes d'hélicoptères de transport irakiens allaient s'entraîner pendant un an dans un centre spécialisé à Pardubice. Plus en avant, le Canada a décidé d'envoyer, selon le Premier ministre, Stephen Harper, 69 soldats des forces spéciales canadiennes actuellement déployés dans le nord de l'Irak afin d'aider les troupes de Bagdad. Le combat contre l'EI que l'Amérique veut de dimension mondiale se prévaut d'une amplification de la menace terroriste présentée en puissance financière inégalée. L'EI : le groupe terroriste le plus puissant au monde ? Une mystification de plus dans la longue liste occidentale.