L'élaboration d'une cartographie de la pollution est en voie de finalisation au niveau du Centre de développement des énergies renouvelables (Cder), division bio-énergie et environnement. C'est ce que nous a annoncé, hier, Mlle Oucher Nassima, attachée de recherche, qui s'est exprimée en marge du séminaire international portant sur la « lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique », organisé à Alger par la Gendarmerie nationale en collaboration avec la Gendarmerie française. Elle a expliqué que le rôle ce cette cartographie est de déterminer les zones polluées et par quel polluant et les zones moins polluées. « C'est aussi une aide pour les décideurs et les scientifiques pour savoir où placer les futures stations de mesure de qualité de l'air. » Une station de mesure complète de la qualité de l'air sera bientôt installée sur le site du Centre, a-t-elle fait savoir. « D'autres stations seront installées à partir de 2015 à Alger, mais aussi dans les wilayas limitrophes. Tout dépendra du budget du Centre. Nous allons doucement mais sûrement », a-t-elle rassuré. Il faut dire que les informations actuellement disponibles sur la qualité de l'air dans l'agglomération d'Alger ne concernent que quelques communes, à savoir Bab El Oued, El Hamma, Sidi M'hamed et Ben Aknoun. Alors que, selon les normes, « l'agglomération d'Alger devrait disposer d'un réseau doté d'au moins 25 stations automatiques de mesure judicieusement disposées », a-t-elle soutenu, non sans mettre l'accent sur l'intérêt de développer certaines études et d'installer de nouvelles stations de mesure. Pour cet expert, la pollution de l'air en Algérie est très favorisée par les conditions météorologiques qui y règnent. La pollution prend également de plus en plus d'ampleur en raison de la croissance rapide du parc automobile. « Toutes les grandes villes algériennes sont caractérisées par une forte motorisation qui s'accompagne par des émissions importantes d'O3, des NOX, des COV, du CO et des PM. Ces polluants dégradent fortement la qualité de l'air », a-t-elle mis en garde. Le parc automobile est responsable s'agissant de la répartition des émissions atmosphériques de 50 % du taux de pollution. Un état de fait qui s'explique par l'accroissement du nombre de véhicules (5% par an). Leur vétusté contribue également à la pollution de l'air. L'incinération des déchets au niveau des décharges sauvages est, quant à elle, à l'origine de 2% de la pollution de l'air. La quantité des déchets urbains générés à l'échelle nationale est d'environ 14.650 tonnes. Le taux d'accroissement des déchets est évalué entre 2% et 3% par an. La pollution d'origine industrielle est de 48%. Les activités de sidérurgie, métallurgie, de mécanique et de chimie sont considérées parmi les unités les plus polluantes. Face à cette situation, Mlle Oucher Nassima a souligné que les « risques d'exposition des individus à ces polluants atmosphériques et les répercussions à court et long terme sur leur santé ne sont pas encore une priorité du fait de l'insuffisance de notre réseau de surveillance », rappelant que le réseau de surveillance de la qualité de l'air Samasafia n'a été mis en place qu'en avril 2002 et ne concerne que les agglomérations d'Alger, Annaba, Skikda et Oran. Le suivi de polluants atmosphériques est, selon ses dires, d'un « apport important » dans l'élaboration d'une stratégie de surveillance et de protection de la qualité de l'air. Pour elle, une réduction de la pollution « nécessite » certainement une « étude plus approfondie » sur les systèmes de transport, « impliquant » une stratégie et un mode de transport appropriés, une fluidité du transport, une amélioration de la combustion du carburant, une augmentation de la proportion de véhicules propres. « L'Algérie se trouve dans une phase de transition environnementale concomitante aux transitions économique, démographique et épidémiologique », a-t-elle conclu.