Ce n'est pas un scoop, mais c'est la première fois que Joseph Blatter, 78 ans, président de la Fifa depuis 1998, en a parlé directement et physiquement devant la presse. Jusqu'ici, il avait fallu se contenter d'une périphrase au Congrès de la Fifa à Sao Paulo, le 11 juin, - « je suis prêt pour vous accompagner dans le futur » - puis d'une vidéo diffusée le 8 septembre à Manchester au Soccerex (convention autour du foot-business) repoussant l'officialisation : « J'en informerai le comité exécutif ». Vendredi dernier, il a distillé son message : il se présente pour un cinquième mandat à la demande - presque - générale. « J'ai accepté la demande de certaines fédérations de me présenter pour un 5e mandat », a ainsi lancé le Suisse à l'issue d'une séance du comité exécutif, le gouvernement mondial du foot, au siège de son instance à Zurich. « J'ai été contacté, on m'a demandé, juste avant le Congrès de la Fifa à Sao Paulo, par le biais de 5 des 6 Confédérations qui composent la Fifa : ‘'S'il vous plaît, restez''. Je suis toujours au service de la Fifa. Je suis toujours en bonne condition », a-t-il encore martelé. La seule Confédération hostile, c'est l'UEFA, l'Europe du foot (54 fédérations sur les 209 de la Fifa). Michel Platini, président de l'UEFA, a fait le choix de se représenter à son poste européen en 2015, mais répète qu'il est opposé à un nouveau mandat de Blatter car la Fifa a besoin « de changement ». Sans Platini en face, la voie est libre pour Blatter. Le seul autre candidat déclaré est Jérôme Champagne, ancien vice-secrétaire général de la Fifa, qui n'a aucune chance pour l'élection le 29 mai 2015 à Zurich. Champagne réclame un débat à Blatter qui préférerait, le cas échéant, que cela se fasse devant le Congrès de la Fifa, « pas en public, car nous sommes dans le sport, pas dans la politique ». Le rapport Garcia reste confidentiel Depuis que le Mondial-2022 a été attribué au Qatar le 2 décembre 2010, polémiques et suspicions escortent ce dossier. La Fifa étudie une alternative aux chaleurs estivales de l'émirat (jusqu'à 50° l'été) tandis que des syndicats internationaux dénoncent les conditions de travail sur les chantiers de cette Coupe du monde. Une enquête interne a même été ouverte sur les conditions d'attribution de ce Mondial, de même que sur l'attribution de la Coupe du monde 2018 à la Russie, le même jour. Michael Garcia, ancien procureur fédéral de New York, a rédigé un rapport d'enquête très attendu, qu'il a livré le 5 septembre à la chambre de jugement du comité d'éthique de la Fifa. Et la machine médiatique s'est de nouveau emballée cette semaine quand Garcia, lui-même, a demandé, par communiqué de presse, que son enquête soit rendue publique dans un souci de transparence face aux spéculations qui enflent. Mais le comité exécutif de la Fifa n'en a pas le pouvoir, est venu dire, vendredi dernier à la presse, Marco Villiger, son directeur des affaires juridiques, au nom du code de l'éthique, qui garantit la « confidentialité des témoins » dans une telle enquête. Il faudra donc être patient. Début novembre, Hans-Joachim Eckert, président de la chambre de jugement, dira si le rapport de Garcia a été fait dans les règles et s'il est complet ou si une demande d'information complémentaire est nécessaire. Puis c'est à Garcia, président de la chambre d'instruction du comité d'éthique, que reviendra la demande éventuelle de poursuites. Cette demande serait ensuite transmise à la chambre de jugement d'Eckert, qui l'évaluerait et statuerait.