Joseph Blatter a pour la première fois confirmé publiquement vendredi qu'il briguerait un 5e mandat à la présidence de la Fifa, tandis que le fameux rapport Garcia sur 2018 et 2022, lui, ne serait pas rendu public. Blatter, bon pour le "service" Ce n'est pas un scoop, mais c'est la première fois que Joseph Blatter, 78 ans, président de la Fifa depuis 1998, en a parlé directement et physiquement devant la presse. Jusqu'ici il avait fallu se contenter d'une périphrase au Congrès de la Fifa à Sao Paulo le 11 juin - "je suis prêt pour vous accompagner dans le futur" - puis d'une vidéo diffusée le 8 septembre à Manchester au Soccerex (convention autour du foot-business) repoussant l'officialisation: "J'en informerai le comité exécutif". Vendredi, il a distillé son message: il se présente pour un cinquième mandat à la demande - presque - générale. "J'ai accepté la demande de certaines fédérations de me présenter pour un 5e mandat", a ainsi lancé le Suisse à l'issue d'une séance du comité exécutif, le gouvernement mondial du foot, au siège de son instance à Zurich. "J'ai été contacté, on m'a demandé juste avant le Congrès de la Fifa à Sao Paulo, par le biais de 5 des 6 Confédérations qui composent la Fifa: "s'il vous plaît, restez". Je suis toujours au service de la Fifa. Je suis toujours en bonne condition", a-t-il encore martelé. La seule Confédération hostile, c'est l'UEFA, l'Europe du foot (54 fédérations sur les 209 de la Fifa). Michel Platini, président de l'UEFA, a fait le choix de se représenter à son poste européen en 2015, mais répète qu'il est opposé à un nouveau mandat de Blatter car la Fifa a besoin "de changement". Sans Platini en face, la voie est libre pour Blatter. Le seul autre candidat déclaré est Jérôme Champagne, ancien vice-secrétaire général de la Fifa, qui n'a aucune chance pour l'élection le 29 mai 2015 à Zürich. Champagne réclame un débat à Blatter, qui préférerait, le cas échéant, que cela se fasse devant le Congrès de la Fifa, "pas en public, car nous sommes dans le sport, pas dans la politique". Le rapport Garcia reste confidentiel Depuis que le Mondial-2022 a été attribué au Qatar le 2 décembre 2010, polémiques et suspicions escortent ce dossier. La Fifa étudie une alternative aux chaleurs estivales de l'émirat (jusqu'à 50° l'été) tandis que des syndicats internationaux dénoncent les conditions de travail sur les chantiers de cette Coupe du monde. Une enquête interne a même été ouverte sur les conditions d'attribution de ce Mondial, de même que sur l'attribution de la Coupe du monde 2018 à la Russie, le même jour. Michael Garcia, ancien procureur fédéral de New-York, a rédigé un rapport d'enquête très attendu, qu'il a livré le 5 septembre à la chambre de jugement du comité d'éthique de la Fifa. Et la machine médiatique s'est de nouveau emballée cette semaine quand Garcia lui même a demandé, par communiqué de presse, que son enquête soit rendue publique dans un souci de transparence face aux spéculations qui enflent. Mais le comité exécutif de la Fifa n'en a pas le pouvoir, est venu dire vendredi à la presse Marco Villiger, son directeur des affaires juridiques, au nom du code de l'éthique, qui garantit la "confidentialité des témoins" dans une telle enquête. Il faudra donc être patient. Début novembre, Hans-Joachim Eckert, président de la chambre de jugement, dira si le rapport de Garcia a été fait dans les règles et s'il est complet ou si une demande d'information complémentaire est nécessaire. Puis c'est à Garcia, président de la chambre d'instruction du comité d'éthique, que reviendra la demande éventuelle de poursuites. Cette demande serait ensuite transmise à la chambre de jugement d'Eckert, qui l'évaluerait et statuerait. Certaines sources à la Fifa pensent que les décisions finales, avec sanctions ou pas, n'interviendraient donc pas avant le printemps 2015.