Les accusations devaient, ce matin, rattraper leur maladresse face à l'assistance venue assister aux congrès, après avoir semé la confusion sur la nature et la façon d'avoir touché les pots de vin. Lorsque l'enquêteur de la FIFA, Michael J. Garcia, bien présent au congrès à Sao Paulo, doit intervenir au micro pour «faire le point» sur les activités du comité d'éthique indépendant chargé de mener l'enquête, mais qui ne dévoilera ses résultats que dans quelques semaines. Car si la phase d'investigation devait bien être bouclée ce lundi 9 juin, Garcia se donne encore six semaines pour remettre son rapport à la chambre de jugement du comité d'éthique indépendant de la FIFA. Blatter espère que les conclusions de la chambre de jugement seront rendues «en septembre ou en octobre». Selon des informations, la maladresse de Sepp Blatter, que rien n'obligeait ni à formuler pareille interrogation, ni à créer un malaise au sein de l'instance par manque de réactivité, a fortement ému la hiérarchie des fédérations, accusés d'avoir touché également des primes. Faute d'avoir su éteindre l'incendie sur le champ, son ex-collègue du comité exécutif de la FIFA de l'époque, Mohammed Bin-Hammam à plusieurs reprises en 2010, l'objet des discussions, était la candidature à la présidence de la FIFA. Mohamed Bin-Hammam cherchait en effet à convaincre d'autres membres de se présenter à la présidence de la FIFA pour les élections de 2011, pour écarter Sepp Blatter. Mais, il a dû, quelques mois après, revenir à l'audience sur l'incident, conférant à celui-ci une importance disproportionnée, à la plus grande satisfaction de la défense qui l'a banni en 2012 pour corruption. Celle-ci a-t-elle marqué un point décisif au profit de l'accusé, présumé innocent ? Certainement pas. D'une part, il n'existait pas, jusqu'alors, de controverse à ce sujet. L'argument de la taille ne figure pas dans la brochure des chroniques d'une erreur judiciaire commanditée rédigée par les conseils de la Fédération asiatique de football, laquelle a pourtant ratissé large pour étayer leur argumentation d'innocence. Un autre sujet, qui n'était pas à l'agenda, fera parler parmi les congressistes : c'est l'élection présidentielle à la FIFA, qui se tiendra dans un peu moins d'un an, le 29 mai 2015 à Zurich. L'ancien président de la fédération de ski Blatter, 78 ans, président en exercice depuis 1998, ne cache plus son souhait d'un cinquième mandat. «J'ai le feu sacré», a-t-il ainsi lancé lundi devant les membres de la Confédération africaine de foot (CAF) à Sao Paulo. Le Suisse officialisera sans doute sa candidature, soit mardi lors de la cérémonie d'ouverture en soirée, soit plus probablement mercredi lors du Congrès proprement dit. Blatter aura l'appui de la CAF, devant laquelle il a sous-entendu que certaines remises en cause du Mondial-2022, avec des membres africains du comité exécutif visés, avaient des relents de «racisme et discrimination». Pour l'heure, il n'y a qu'un seul candidat déclaré, c'est le Français Jérôme Champagne, 55 ans, ex-vice secrétaire général de la FIFA, aux chances plus que minces puisqu'il ne fait pas le poids. Le positionnement que tout le monde attend est celui de l'autre ténor du foot mondial avec Blatter, Michel Platini, 58 ans, président de l'UEFA. L'ancien joueur-star de la Juventus attend août pour dévoiler ses intentions. Entre Blatter et Platini, le «Qatargate», encore, est venu s'inviter avec d'autres accusations de corruption dans le cadre de l'attribution de la Coupe du Monde 2022 au Qatar. Une nouvelle voix s'est élevée dimanche pour critiquer la FIFA, et c'est cette fois Diego Maradona, l'ancienne gloire du football argentin, qui accuse ouvertement Blatter. «Il y a d'énormes pots-de-vin à la FIFA et il faut demander des comptes à ceux qui en sont responsables, notamment en ce qui concerne le dossier du Mondial-2022 au Qatar», a-t-il attaqué dans une interview publiée par le quotidien Al-Ittihad d'Abou Dhabi. Y. B.