Désarçonné par la flambée des prix des fruits et légumes, le citoyen ne sait plus où donner de la tête. Souvent, il revient avec le couffin presque vide. Il se retrouve entre l'enclume et le marteau. Son porte-monnaie est mis à rude épreuve. La fièvre qui s'est emparée du marché ne lui a laissé presque aucun choix. Il est contraint d'acheter au moins les légumes, et les fruits deviennent par conséquent facultatifs. C'est ce qu'ont affirmé des consommateurs désemparés devant cette hausse incompréhensible. « Je laisse passer l'orage en me privant des fruits car ma bourse ne me permet pas de tout acheter à ces prix », a fait savoir un père de famille ayant sept personnes à charge. Cette situation s'apparente vraisemblablement beaucoup plus à la cupidité des différents circuits de commercialisation. Les commerçants de détail s'en lavent les mains et renvoient la balle aux grossistes ou les intermédiaires qui, selon eux, ne cherchent que le gain facile, profitant de la défaillance des agriculteurs qui ne possèdent pas les moyens pour acheminer leur marchandise vers le marché de gros. C'est ce qu'a indiqué un commerçant de détail qui dit appliquer une marge bénéficiaire de 25 % alors que des grossistes affirment que les détaillants ne se contentent pas de cette marge. « Souvent, ils prennent une marge de 40 à 50 %, ils ont une grande part de responsabilité dans cette hausse », affirme Mohamed, mandataire au marché de gros de Khemis el Khechna. Selon lui, les mandataires sont toujours injustement pointés du doigt comme étant les principaux accusés. Pour appuyer ses dires, il avance les prix de gros et ceux de détail. Pour ce qui est de la salade qui se vend actuellement à 120 dinars le kg, le grossiste affirme que la salade de bonne qualité s'est vendue, hier lundi, entre 60 et 70 dinars, précisant que les samedi, dimanche et lundi les prix sont moins élevés que les mardi, mercredi et jeudi, parce que, dit-il, durant ces jours les ventes sont plus élevées en raison des fêtes de mariage et autres, une aubaine pour réaliser les plus grandes recettes. La pomme de terre fraiche de bonne qualité qui se vend à 70 et 80 dinars au détail est affichée au marché de gros entre 50 et 55 dinars et celle des chambres froides entre 40 et 45 dinars. Le grossiste nous fait savoir que la pomme de terre disponible à Alger nous vient d'Aflou. « Ce n'est pas encore la récolte au nord », précise-t-il. « Et tout ce qui vient de loin coûte plus cher que les produits disponibles sur place ». Selon lui, la carotte, la courgette, la pastèque, les haricots verts, le melon, la tomate sont cultivés au Sud, notamment à Biskra. « Il faut compter toutes les dépenses du transport et des employés qui sont engagés », dit-il. Pour être plus convaincant, il dira que « la tomate qui coûte 70 à 80 dinars chez le détaillant, est vendue à 40 dinars au marché de gros et celle de moindre qualité entre 25 et 30 dinars ». Il va sans dire que le détaillant prend une marge bénéficiaire assez importante, à en croire notre interlocuteur, si l'on compare les prix à l'achat et à la vente. Par ailleurs, les commerçants assurent que le marché va se stabiliser après l'Aïd avec les nouvelles récoltes ».