Le Mali, qui assiste à la résurgence de la violence au Nord, dont deux attaques meurtrières en quatre jours, la première à travers une embuscade tendue le 3 octobre aux soldats de la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilité au Mali (Minusma), dans la région de Gao, a provoqué la mort de neuf Nigériens, et la seconde, celle qui a visé le cantonnement des forces françaises de l'opération Barkhane à Kidal, a causé la mort d'un militaire sénégalais, tire la sonnette d'alarme. « Mon pays, comme tous les pays du Sahel, court à nouveau le risque d'être la destination de hordes de terroristes déboutés d'autres régions du monde », a déclaré Abdoulaye Diop, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de l'Intégration africaine. Il intervenait par vidéoconférence depuis Bamako dans le débat sur le rapport de Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, sur la situation au Mali conformément à la résolution 2164 du 18 juin 2014. « Nul n'ignore que le chef du groupe terroriste Ansar Eddine, Iyad AG Aghaly, qui figure depuis longtemps sur la liste de votre Comité contre le terrorisme, circule librement dans le nord du Mali. Il vient solennellement de prêter allégeance à l'organisation de l'Etat islamique, à travers une fracassante déclaration médiatisée », dit-il, avant de demander au Conseil de sécurité de bien vouloir doter et en urgence en moyens appropriés la Minusma s'il veut que celle-ci exécute pleinement son mandat et empêche que les éléments terroristes, qui activent au nord du Mali, ne « solidifient » leurs liens avec Daesh pour embraser la région du Sahel. Et de mettre ainsi en garde tout le monde contre les jeunes Africains qui ont rejoint cette « internationale terroriste. » « Ces Africains, dont des Maliens, pourraient revenir déstabiliser des régions de leur continent », dit-il. Les Quinze, qui ne peuvent pas ignorer que les Casques bleus, mal équipés, mal entraînés et mal payés, depuis leur installation il y a quinze mois, incapables d'assurer la paix et la sécurité dans le nord du Mali, et que certains groupes terroristes, comme le Mujao et Aqmi, qui ont perpétré des attaques kamikazes dans les zones d'où ils avaient été chassés après l'opération Serval 2013-juillet 2014, vont-ils accepter de créer comme les appelle Abdoulaye Diop une force d'intervention rapide, capable de lutter efficacement contre les éléments terroristes ? Pas évident, car la France, qui a redéployé cet été son dispositif militaire dans la bande sahélo-saharienne (opération Barkhane) pour lutter contre les réseaux terroristes implantés dans le sud-ouest de la Libye, ne considère plus le Mali comme une priorité. Idem pour les Etats-Unis, la Grande-Bretagne qui lorgnent du côté de l'Irak, de la Syrie où Daech fait des avancées. A ce jour, seule la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo dispose, depuis mars 2013, d'une brigade de 3.000 hommes. Hervé Ladsous, responsable des opérations de maintien de la paix de l'ONU, s'est alarmé il y a une semaine de la détérioration de la situation dans la région. « C'est incontestable, les terroristes et les djihadistes, et sans doute aussi les trafiquants, ont repris du poil de la bête », a-t-il déclaré, affirmant que Ban Ki-moon aurait accepté de renforcer les moyens de protection et d'action de la Minusma contre les engins explosifs. Selon certains médias maliens, la Minusma pourrait recevoir des hélicoptères d'attaque, des véhicules blindés et des drones à long rayon d'action. Le dialogue inclusif entre les Maliens, qui reprendra avant la fin de ce mois à Alger, va-t-il aider Bamako à clarifier le paysage politique du Nord et régler ainsi cette question du terrorisme ? Diop, qui a demandé au Conseil d'inciter les groupes politico-armés qui participent à ce dialogue à « négocier de bonne foi » et à « se démarquer des groupes terroristes », y croit.