La datte « Deglet Nour » de Tolga, la figue sèche de Béni Maouche et l'olive de table de Sig sont les premiers produits agricoles pilotes retenus pour être exportés sur le marché de l'Union européenne (UE) et pourquoi pas sur le marché international. Cela sera, désormais, possible grâce au lancement du projet de jumelage de protection et de labellisation des produits agricoles, lancé par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, en collaboration avec l'UE. Intitulé « Renforcement du dispositif de reconnaissance de la qualité des produits agricoles par les signes distinctifs liés à l'origine (Igao) », ce projet aura pour objectif d'« améliorer le produit algérien en le fabriquant selon des normes internationales, de le labelliser et de le protéger contre la contrefaçon dont il fait l'objet ailleurs », a indiqué Abdelouahab Nouri, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, en marge de la cérémonie organisée hier à Alger. « Ce processus ne concerne pas seulement les figues, les olives et les dattes. Nous allons recenser tous les produits du territoire national afin de les rendre exportables », a-t-il ajouté. Le ministre reconnaît « l'excellence des produits algériens » précisant que ce programme vise à « les rendre éligibles encore davantage après les avoir mis en conformité avec les normes internationales ». Deux autres projets de jumelage ont été lancés par la même occasion. Ils concernent « le renforcement de la capacité de contrôle des services vétérinaires » et « la mise à niveau des laboratoires de l'Institut national de la médecine vétérinaire » en vue de les rapprocher des standards européens et internationaux. « Nous allons réhabiliter les services vétérinaires animaliers et leurs différents laboratoires, ainsi que la direction des services vétérinaires pour lui permettre de fonctionner aux normes internationales », a affirmé le ministre, qui insiste sur l'appui de « l'UE, la France et l'Italie, qui vont nous accorder le soutien nécessaire pour que ces services réalisent l'avancée nécessaire ». Le montant global de ce projet, financé par l'UE, est de 6 millions d'euros. Son lancement entre dans le cadre de la mise en place du programme quinquennal 2015-2019 décidé par le président Abdelaziz Bouteflika et a, entre autres objectifs, la modernisation de l'administration algérienne. « Nous allons, à travers ce plan, réhabiliter les services du secteur agricole pour leur permettre un meilleur fonctionnement qui soit au diapason de ce qui se fait dans le monde », a indiqué Nouri. Une fois achevé, ce programme devrait aboutir « à garantir un revenu équitable aux agriculteurs concernés, de protéger les dénominations contre la contrefaçon ou l'usurpation et de fournir des informations précises sur les produits possédant des caractéristiques liées à l'origine géographique », a souligné le ministre. Pour sa part, le ministre du Commerce, Amara Benyounès, a précisé qu'en plus de « rendre le produit algérien exportable, ce jumelage va aider à réhabiliter les entreprises algériennes de manière à aider les opérateurs algériens dans le domaine de l'exportation ». A long terme, il est question, selon Benyounès, « de développer les exportations hors hydrocarbures ». Aucune échéance n'a été arrêtée pour l'aboutissement de ce projet. « Ces produits algériens vont arriver très bientôt sur les marchés européens. Pour y accéder, il faut lever la barrière des normes imposée par l'UE, d'où la nécessité de la mise en conformité des produits et des entreprises ». Selon lui, entre 2009 et 2013, les pays de l'Europe ont été la destination privilégiée des exportations hors hydrocarbures, passant de 627 millions de dollars à 1,5 milliard de dollars, ce qui représente 75% des exportations algériennes hors hydrocarbures. En une année, ces exportations sont passées de 48 millions de dollars à 130 millions de dollars, soit 30% des exportations vers le monde. « Ces chiffres dénotent que les exportations restent encore timides comparativement à la richesse de nos produits du terroir », a noté le ministre. « On permettra au produit d'être homologué et d'avoir le même certificat de conformité pour le placer sans difficultés et sans entraves sur les marchés européen et international », a souligné Marek Skolil, chef de délégation de l'UE en Algérie. « Pour la France, il est question de porter l'agriculture algérienne à un niveau plus élevé et permettre aux produits d'être référenciés au plan international », a souligné Bernard Henri, ambassadeur de France en Algérie. « L'Algérie a de grandes capacités et des produits d'excellence. Il faut bien les valoriser et les protéger », a souligné l'ambassadeur d'Italie en Algérie.