Certains produits algériens agricoles ayant une spécificité locale, ou ce qu'on appelle communément les produits du terroir, intègreront très prochainement le marché européen. Et ce, une fois qu'ils seront labellisés et protégés de toutes formes de contrefaçon et d'usurpation, dans le cadre d'un projet de jumelage algéro-européen, lancé hier avec deux autres jumelages portant sur la sécurité sanitaire agricole, à Djnane El Mithak. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelwahab Nouri, a précisé que le jumelage portant sur la labellisation des produits du terroir garantira, une fois achevé, un revenu équitable aux agriculteurs et protégera nos produits de toutes formes de détournements. Les produits du terroir telles la datte «Deglet Nour de Tolga», la figue sèche de «Béni Maouche» et l'olive de table de Sig ainsi que d'autres produits qui suivront seront valorisés par une labellisation qui répond aux exigences des marchés internationaux. Une mise à niveau et une mise en conformité qui permettront aux produits algériens du terroir d'avoir une place sur le marché européen et d'autres marchés internationaux. L'introduction des produits algériens du terroir, une fois labellisés, sur le marché européen est possible rapidement, c'est-à-dire avant même la création de la zone de libre-échange prévue en 2020, puisque «ce jumelage de labellisation des produits du terroir préparera la signature d'un protocole de reconnaissance mutuelle, très prochainement», a précisé le directeur général Europe du ministère des Affaires étrangères, Mokrani Ali. Et de préciser que ce genre de jumelage permettra aux producteurs algériens de vendre leur produit de manière protégée au sein du marché algérien et sur le marché européen et d'autres. Pour M. Mokrani, ces trois jumelages et une trentaine d'autres qui sont au menu baliseront le terrain, justement dans la perspective de la conclusion d'un accord bilatéral avec l'OMC. Le ministre du Commerce, Amara Benyounès, a défendu encore une fois l'idée d'accélérer le processus d'adhésion à l'OMC tout en préservant bien évidement les intérêts de notre pays. «Les barrières douanières et les barrières administratives n'existent plus dans aucun pays, les barrières actuellement sont des barrières normatives». Et d'insister: «Nous devons mettre aux normes les produits agricoles algériens». Le ministre du Commerce est revenu sur les derniers chiffres pour dire qu'on est toujours à la traîne en matière d'exportation. «Entre 2009 et 2013, nos exportations hors hydrocarbures vers l'Union européenne sont passées de 627 millions de dollars à 1,5 milliard de dollars, soit 75% de nos exportations hors hydrocarbures vers le monde». Et de poursuivre: «Durant la même période, nos exportations des produits agricoles sont passées de 48 millions de dollars à 123 millions de dollars, soit 30% de nos exportations agricoles vers le monde qui sont de 405 millions de dollars en 2013». Le ministre regrette : «Nos exportations de produits agricoles sont timides vu le potentiel de production agricole, notamment pour les produits du terroir». Le ministre cite les produits que l'Algérie peut exporter tels que les produits d'appellation d'origine, les fruits et légumes et la viande ovine. Karim Boughalem, directeur des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture, abonde dans le même sens en affirmant que l'exportation des viandes rouges ovines «est possible». Il explique qu'il y a en Algérie 25 millions de têtes ovines et 2 millions de bovins, avec une consommation locale de 400.000 tonnes par an. Il précise : «Ce qu'on importe, à peu près 50.000 tonnes de viandes rouges, c'est minime par rapport à notre production». Il s'est dit optimiste en affirmant qu'on est passé de 6 millions de têtes ovines en 1962, à 25 millions de têtes en 2014. «On peut faire mieux», précise-t-il, en renforçant davantage l'encadrement des éleveurs, l'introduction de techniques nouvelles d'élevage, la sensibilisation des éleveurs et surtout un bon encadrement sanitaire et vétérinaire. Il souligne dans ce sens que le lancement des deux jumelages, dont celui portant sur la consolidation de la capacité de contrôle des services vétérinaires en vue de les rapprocher des standards européens et internationaux et la mise à niveau des laboratoires de l'Institut national de la médecine vétérinaire sont un pas qui nous garantit une place sur les marchés internationaux. Le ministre de l'Agriculture souligne, pour sa part, que l'Organisation mondiale de la santé animale considère que la prévention et le contrôle des maladies animales constituent un bien public mondial, d'où l'importance de ces jumelages. Par ailleurs, et bien qu'aucun cas de fièvre aphteuse n'ait été signalé depuis plus d'un mois, les services vétérinaires vont lancer dès le 1er novembre prochain une campagne de vaccinations contre la fièvre aphteuse au profit de 25 millions de têtes ovines. C'est ce qu'a affirmé le directeur des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture, Karim Boughalem. Les services vétérinaires cherchent à ratisser large pour ne plus revivre le spectre de la fièvre aphteuse qui a touché plus d'une vingtaine de wilayas du pays depuis son apparition. Pour M. Boughalem, ces jumelages, notamment ceux qui visent la sécurité sanitaire, apporteront certainement un plus. «On va améliorer le niveau d'efficience des services vétérinaires», a-t-il souligné.